Bukanga-Longo : retour sur l’audit révélateur d’un détournement programmé

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Moins de 2 années après son lancement, le Projet Agro industriel de Bukanga-Lonzo (PAIBL) battait déjà de l’aile. Conséquence d’une programmation éhontée d’une prédation au profit de certains acteurs politiques impliqués dans la réalisation de ce projet.

Lancé dans le but de « lutter contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire, de réduire les importations alimentaires et d’assurer une croissance économique durable, Bukanga-Lonzo n’aura finalement permis que la réduction de la pauvreté de ceux qui l’ont exécuté.

Plus de 100 millions $ décaissés par le Trésor public pour financer ce projet se sont volatilisés. Des millions qui auraient servi à l’acquisition et la construction des biens privés. Comme ça se raconte dans les rues de Kinshasa : « batu misusu balona masangu pé babuka ba universités ». Traduction : « il y a de ceux qui après avoir semé du maïs ont récolté des universités ».

Toute la lumière sur cette gabegie financière sera faite dans le rapport d’un audit réalisé par Ernest & Young. Un audit diligenté par l’Etat congolais pour donner suite aux rumeurs de détournement et d’irrégularités dans la réalisation du projet.

Un audit révélateur d’un sombre crime économique commis sur base d’une surfacturation impudemment opérée. Mettant ainsi à nu, les malversations d’AFRICOM, le partenaire choisi unilatéralement par le gouvernement congolais pour exécuter le projet.

Capsud.net revient sur quelques points de ce rapport d’audit que vous pouvez trouver attaché à cette livraison.

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Surfacturation à plus de 150% par rapport aux prix sur le marché international

Une simple vérification des prix appliqués pour l’acquisition des équipements a fait apparaître la magouille autour de cette opération. AFRICOM n’a pas hésité à facturer l’Etat congolais à plus de 150% les différents équipements acquis (Tableau ci-contre).

Raison évoquée par AFRICOM, tous les achats des équipements sont couverts par deux ans de garantie. Car la une procédure mondiale de garantie sur les véhicules et les équipements n’existe pas en RD Congo. Ces coûts supplémentaires appliqués par AFRICOM couvriraient donc : 2 années de maintenances, le carburant et lubrifiant, le Transport du site de fournisseur jusqu’au port.

Mais face à la raison avancée par AFRICOM, il y a lieu de se demander pourquoi appliquer cela sur le prix ? Pourquoi ne pas tout simplement insérer une rubrique reprenant ces coûts supplémentaires ?

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Flou criant sur les achats et dans le rapport financier d’AFRICOM

L’audit effectué par Ernest & Young a mis en exergue les relations entre AFRICOM et ses principaux fournisseurs (DESTICLOX, TRIOMF FERTILIZER, MICHIGAN EQUIPMENT, BPI MANUFACTURING). Ernest &Young note également que les différentes transactions effectuées avec ces fournisseurs l’ont été sans appel d’offre.

L’audit révèle également un écart de 374.350 $ entre les montants en CDF sortis du compte du Trésor Public et la contre-valeur en USD reçue dans le compte de AFRICOM.  

Mais aussi que de mars 2014 à février 2015, l’Etat Congolais a versé pour Bukanga-Lonzo 101.549.894 $.  De ce montant, 53.414.444 $ ont été versés directement à AFRICOM et la différence a servi au paiement des fournisseurs. A quoi aurait donc servi cet argent versé sur le compte du partenaire AFRICOM ?

Il convient également de noter que dans son rapport financier AFRICOM ne reprend pas les recettes générées. D’après AFRICOM, il s’agit d’un projet dont les actifs, les infrastructures et autres éléments devront être transférés à une entité financière qui devra générer des revenus. Ces actifs devront être valorisés au prix contractuels et enregistrés comme contribution au capital de la nouvelle entité.

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Arthur Bitambi

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