Le projet du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo demeure, certainement, l’un des plus grands fiascos du règne de Kabila. Sur les 285 millions $ décaissés, seuls 80 millions ont réellement été utilisés. 205 millions $ du Trésor public serait donc englouti dans cette réalisation dont l’échec aurait été planifié dès sa conception.
Surfacturation pour l’acquisition des équipements et des intrants agricoles. Choix unilatéral de l’opérateur Sud-africain AFRICOM, en violation totale des procédures. Ce même opérateur qui a joué aussi bien le rôle de prestataire, que celui du gestionnaire du Parc. Opacité dans les flux financiers entre le Gouvernement et AFRICOM. Absence d’inventaire physique des stocks… Sont là, les quelques causes énoncées dans les différents rapports d’audits émis sur ce projet.
A croire que ce projet lancé en grandes pompes en 2014, avec pour objectifs de « lutter contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire, de réduire les importations alimentaires et d’assurer une croissance économique durable, n’aura finalement été qu’une vaste déprédation en vue d’un enrichissement illicite.
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L’audit révélateur du Cabinet d’audit Ernest et Young
La boite à pandore fut ouverte en 2016 avec les révélations du rapport d’un audit réalisé par Ernest & Young. Un audit diligenté par l’Etat congolais à la suite des rumeurs de détournement et d’irrégularités dans la réalisation du projet.
Le rapport d’audit révèle que plus de 100 millions $ versés à AFRICOM seraient non justifiées. Dans le lot de ces dépenses, 5 millions $ versés à DESTICLOX pour l’amélioration d’une route d’accès au site. Les travaux de cette route n’ont jamais été exécutés et la route est restée en terre jusqu’à ce jour.
Outre ces dépenses aux allures de détournement, Ernest & Young constate également :
· Le manque de responsabilité financière pour le projet ;
· La réalisation des opérations comptables en Afrique du Sud, en violation des lois congolaises ;
· La non-traçabilité des informations sur le chiffre d’affaires, les ventes, les achats, les comptes bancaires, etc.
· L’absence d’avis d’appel d’offres pour l’achat d’équipements et de fournitures par AFRICOM ;
· Des sommes manquantes dans les flux financiers entre le Gouvernement et AFRICOM ;
· L’absence d’inventaire physique des stocks ;
· Une forte suspicion de surévaluation de certains services payés.
Une véritable cacophonie organisationnelle et financière orchestrée intentionnellement afin d’entretenir l’opacité dans la gestion financière de ce projet.
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Absence du contrôle permanent du gouvernement Matata
Dans une tribune publiée sur Scoop.net, l’ancien ministre congolais de l’Agriculture et développement rural, Vahamwiti Mukesyayira, révèle qu’aucune disposition n’avait été prise par le Premier ministre de l’époque pour faire suivre la gestion du projet. Pourtant, le contrat de gestion du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo signé le 20 février 2014 entre l’Etat Congolais et la Société Sud-africaine AFRICOM accordait à ce projet le statut d’une entreprise publique de type Société Anonyme où l’Etat congolais était l’actionnaire unique.
Ainsi, l’Etat disposait d’un droit de contrôle permanent sur l’exécution technique et financière. Ce, conformément à l’article 18 alinéa 1 du contrat de gestion du Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Ce contrôle permanent de l’Etat s’étendait également sur la qualité des services fournis.
Que neni ! Tout a été fait pour qu’aucun contrôle de l’Etat ne soit exercé. Aucun mandataire n’a été désigné par l’Etat congolais pour gérer ce projet techniquement et financièrement. Ce, en violation flagrant des dispositions de l’article 9 du contrat de gestion du projet.
Faut alors croire que l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo a largement milité pour la non-participation de l’Etat congolais dans la gestion de ce projet.
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Arthur Bitambi