Beni : entre Ebola et ADF/NALU. Mélodrame d’une ville presque abandonnée

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Tueries de Beni

Les habitants de la ville de Beni sont pris dans un cycle infernal. D’un côté, ils doivent faire face à l’épidémie d’Ebola et de l’autre, ils sont devenus de la chair à canon pour les rebelles ADF/NALU.

Située à proximité du Parc national des Virunga, sur le plateau du mont Ruwenzori (5 119 m d’altitude), en bordure de la forêt de l’Ituri, Beni est un grand carrefour commercial.

Elle se trouve à 70 km de Kasindi, une cité qui fait frontière avec l’ Ouganda. Ici le problème d’électricité se pose avec acuité malgré la présence des grandes activités commerciales et minières.

Les habitants se calfeutrent dans leurs domiciles par peur d’attraper l’Ebola, l’épidémie fait rage dans la zone et l’on a signalé 1 mort au quartier Ndindi.

Mais il y a plus qu’Ebola dans la ville. Ceux qui tuent le plus à Beni ce sont les ADF/NALU.

Capsud.net vous propose le mélodrame d’une ville martyre dont la souffrance sanglante ne semble inquiéter personne.

 

Une nuit exsangue

Il est 18h0, le pénombre commence à envahir la ville de Beni, un groupe d’hommes armés fait irruption dans la ville.

Le groupe des rebelles composé d’une centaine d’hommes se divise en petits groupes de vingt hommes. Ils attaquent simultanément les quartiers Kasinga, Paida, Kasanga-Paida, Kasabinyole, jusqu’ au TCB Mupanda.

Les FARDC malgré leurs lourds moyens sont surpris par cette attaque. Il faut dire qu’ils ne croyaient pas à l’imminence d’une incursion à Beni et se remettaient à peine des attaques du camp Rughenda à Butembo.

Les crépitements des balles créent une atmosphère de stupeur dans la ville. Les FARDC et les éléments de l’opération sukola 1 tentent le tout pour le tout en faisant appel à l’artillerie lourde.

Leurs détonations font trembler les maisons de Beni. Les rebelles essaient de contourner les FARDC pour les prendre en étau mais cette stratégie ne paie pas.

Les militaires congolais tiennent redoublent d’ardeur. Les ADF/NALU se sauvent dans la ville, tuant au passage des civils et volant tout sur leur passage. Notamment des véhicules et d’autres biens.

Ils incendient aussi des maisons et endommagent des véhicules au TCB Mupanda.

Sur les hauteurs de la ville, une fumée s’élève dans les noirceurs de la ville. On compte des morts et de nombreux blessés principalement des civils.

 

20 civils et 5 militaires tués

C’est le bilan provisoire de cette nuit macabre selon le capitaine Mak Hazukay, porte parole de l’opération Sukola 1. On parle de 25 blessés civils et militaires et autant des dégâts matériels : maisons incendiés, véhicules calcinés et biens emportés.

Selon les informations recueillies sur place, aucun des assaillants n’a été arrêté et certains d’entre eux portaient des treillis militaires des FARDC.

Des infos à vérifier sans doute mais qui rappellent la complexité de la situation à l’Est du pays. Certains habitants ont accusé les FARDC de complicité avec ces rebelles ougandais qui, curieusement n’attaquent très rarement les positions de l’armée ougandaise situées à moins de 50 km de Beni.

Ces présumés rebelles sont rentrés aussi soudain qu’ils étaient venus. Dès 18h00, le bal des canons et des détonations a fini vers minuit.

Et le matin, la ville de Beni comptabilise ses morts et ses pertes. Les habitants savent depuis 4 ans déjà que les massacres sont devenus leur lot quotidien sous l’œil impuissant des FARDC et de la MONUSCO.

 » On nous tue et eux regardent, c’est notre spectacle quotidien, » a déclaré une habitante de Paida à l’un de nos relais sur place.

 

Thierry Bishop Mfundu

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