La RDC vient de célébrer dans la méditation le 58e anniversaire de son indépendance. Le discours du Chef de l’État à la nation ne semble pas avoir redonner l’espoir à la population qui a visiblement perdu ses repères.
Il faut reconnaître que 58 ans après, plusieurs témoins de l’indépendance ne sont plus vivants. Et les rares qui sont vivants tel que Antoine Gizenga, ont une version édulcorée de la chose. Pourtant plusieurs faits aujourd’hui prouvent à suffisance que si les colons blancs sont partis, les colons noirs sont arrivés.
Un peu comme l’a dit l’officier Janssens : avant indépendance égale après indépendance.
A cet effet, capsud.net à interviewé Monsieur Didier Dikolo. Ce dernier est Coordinateur national du mouvement citoyen Convergences Citoyennes pour la République et la Démocratie (CCRD ). Il nous éclaire sur les acquis actuels de l’indépendance.
Le bilan est largement négatif
Pour Didier Dikolo, le bilan de l’indépendance est largement négatif au regard des résultats peu satisfaisants que nous avons enregistrés en 58 ans.
Selon lui, tous les indicateurs sur la RDC en matière de développement socio-économique, sont dévalorisants. A l’indépendance en 1960, l’espoir de transformation des conditions de vie de nos populations a fondé l’action des pionniers comme Patrice Emery Lumumba qui a bravé la peur et défié les convenances pour affronter l’autoritarisme du régime colonial.
Cinq ans de guerre civile seront suivis par l’assaut du régime autoritaire de Mobutu qui, pendant près de 32 ans, n’a réalisé aucune avancée sociale et économique réelle.
Bien au contraire, Didier Dikolo estime qu’il a organisé une régression des forces sociales et politiques par le biais du monopartisme appauvrissant.
Les luttes pacifiques pour l’instauration d’une société démocratique des années 70 et 80 vont rencontrer une donne internationale qui va contraindre Mobutu à opérer l’émancipation de la société congolaise. Les revendications pour une société pluraliste et démocratique et la pression de la guerre des années 1996 et 2001, ont abouti au choix par les congolais de leurs représentants en 2006 et 2011.
Ces deux cycles électoraux ont signé, en principe, un retour à une situation politique normale en dépit de leurs imperfections. Pourtant, dans les faits, ni les luttes des années 80-90, ni les élections de 2006 et 2011 n’ont apporté de réponses adéquates à des interrogations restées pendantes depuis les années 60.
La légitimité de l’État reste l’ultime problématique de l’indépendance
« L’interrogation fondamentale autour de laquelle gravite toutes les autres porte sur la légitimité de l’Etat congolais, » selon DKK.
Ainsi que le prestige des institutions notamment sur leur capacité supposée de faire de notre représentation cartographique de 2.345 000Km², un espace de vie et de progrès. Mais aussi de sa performance à créer une organisation collective capable de la production de biens et services au profit des hommes et les femmes, créateurs et travailleurs.
Pour cela, ils doivent être mis en condition de produire leurs efforts afin de tirer le développement économique et social.
L’assertion selon laquelle avant l’indépendance = après l’indépendance n’est plus plausible
L’activiste justifie sa thèse par la différence des temps et des époques. » Les époques ne sont pas comparables à tous les points de vue. Les faits montrent que le Congo n’a pas encore les moyens de sa politique d’indépendance nationale, » déclare-t-il.
Selon lui, le cas le plus emblématique et qui a l’avantage d’être concret concerne la faiblesse de la politique gouvernementale dans les domaines de sécurité et de la stabilité des institutions.
Depuis 1960, le Congo demeure un pays instable : de la sécession katangaise de juillet 1960 aux rebellions des années 2000 en passant par les guerres des années 1997 et 2001, le Congo a connu plus de 15 conflits armés.
Comme nation, Didier Dikolo pense que notre pays n’a pu par lui-même, avec la force de son organisation interne, triomphé d’un seul de ce conflits.
« En 58 ans, nous ne sommes pas parvenus à créer un cadre politique et institutionnel garant des droits imprescriptibles de l’individu, de l’intégrité territoriale, de la préservation de la souveraineté et l’indépendance nationales, » affirme-t-il.
Tout un symbole selon lui.
Les acteurs politiques, le nœud du problème
Les causes de tous ses échecs sont liées aux dires de notre interviewé au manque de préparation au changement et à la non prise en compte par les hommes politiques des réalités concrètes de la vie des populations.
Cela a été surtout manifeste dans l’exercice du pouvoir.
« Si la mission du politique consiste à animer le processus de transformation de la société pour l’intérêt du plus grand nombre, il ne reste pas moins que notre classe politique continue, aujourd’hui, à donner l’impression d’un monde isolé et incapable d’apporter des solutions effectives aux difficultés que rencontrent quotidiennement nos populations, » renchérit il.
Tout ce qui compte pour eux à son avis, c’est d’accéder au pouvoir, et face au pouvoir, aucune règle écrite ou non écrite, sous forme d’éthique, n’est observée.
Or, plus que jamais, la RDC a besoin d’un Etat régalien, stratège, puissamment déterminé, incitatif et qui se met au service d’un projet national cohérent. Bref, un Etat juste et bien ordonné, gouverné par des hommes responsables, épris du sens du bien commun, de la liberté et du respect des droits fondamentaux des citoyens.
Il n’y a pas mille solutions pour sauver la RDC
« Ecoutez, il n’y a pas mille solutions pour sauver notre pays, » estime Didier Dikolo. Il faut, selon lui, remettre du sens dans l’action politique.
« Il faut une rationalisation de l’action politique pour engager l’Etat congolais sur la voie de son affirmation en tant puissance publique, garant de l’ordre public, de l’intérêt général et de la cohésion sociale, » se justifie-t-il.
Il ajoute que « sans une démarche inverse qui ferait du pouvoir, non plus une finalité, mais un instrument au service de l’intérêt général, le changement souhaité restera longtemps dans le registre de l’espérance muette ».
Ainsi à une action politique fondée sur l’émotion, le mensonge, les apparences et le clientélisme, il convient de substituer un nouveau paradigme de gestion.
« Mieux, une nouvelle offre politique ayant une autre vision reposant sur des démarches toutes aussi nouvelles, » a-t-il précisé.
Il pense que ce n’est pas par le discours que tout se fera, mais par l’engagement.
Ainsi s’accomplira selon lui l’acte solennel d’une manifestation de volonté par laquelle les congolais doivent exprimer leur décision de refonder, pour l’avenir, un Etat congolais.
« De nouveau, la RDC sera élevé à la hauteur d’un symbole, a-t-il conclu.
Thierry Bishop Mfundu