La désintégration du système économique et la pauvreté chronique en RDC ont donné naissance à une vaste économie souterraine. Cette dernière est marquée par les sous emplois et la débrouille.
Actuellement, 80℅ de jeunes sont en chômage et la majorité vit de la débrouille pour se nourrir, se vêtir, etc. Bref, pour s’occuper de leurs besoins primaires. Ainsi, chaque jour de nouveaux métiers naissent à Kinshasa et ailleurs en RDC.
Il y a les chargeurs des taxis et taxis bus, des chargeurs des phones, des vendeurs d’eau en sachet et des jus, des voleurs d’électricité, etc.
Tous ces métiers ont donné naissance à des terminologies et jargons propres à leurs métiers : babendi courant, Bana Kwata, les Italiens, les Romains, les mamans bikabola, les mamans bipupola, etc.
Ces catégories oeuvrent à côté des traditionnels pousse pousseurs, porteurs, cireurs de chaussures, les Bana vernis, etc.
Des métiers nés des TIC
Les TIC ont aussi engendré de nouveaux métiers à Kinshasa comme les chargeurs de téléphone, les mayipaiens ( réparateurs ambulants des téléphones), les thaïlandais ( vendeurs des accessoires et carcasses de téléphone), etc.
Selon les données non officielles, seuls 25% des Congolais auraient un téléphone portable et la majorité d’entre eux sont des jeunes.
Plusieurs d’entre eux sillonnent dans les rues et avenues de Kinshasa portant des chasubles avec logos des compagnies téléphoniques. Ils vendent des phones, des cartes de recharge, enregistre les abonnés, etc.
Le problème récurent de l’électricité a amené des jeunes gens a installé des étales aux coins des rues et autres endroits publics. Ils chargent des téléphones par un système artisanal comportant plusieurs prises moyennant 200Fc.
Généralement, ils prennent l’électricité à travers des fils dénudés tirés sur des anciens réverbères. Ces fils dénudées sont ensuite connectés à des fils reliés à une série de prises installées sur un panneau de bois. Ce panneau comporte plusieurs prises. Une sorte de rallonge fabrication locale. À défaut, ils achètent des groupes électrogènes pour pallier au problème du courant.
Les voleurs du courant
Entre-temps, d’autres apprentis techniciens détournent les câbles électriques pour les partager d’un domicile à un autre.
Les « babendi courant » comme on les appellent ici, sont une parade face au système de délestage. Ils donnent aussi du courant dans les parcelles mis hors tension pour non paiement des factures électriques. C’est un métier à risque qui occasionne des incendies et de nombreux problèmes d’électrocution.
Des métiers qui naissent après la pluie
La pluie à Kinshasa et en RDC est aussi devenue un business pour beaucoup. Il y a d’abord les « transporteurs » qui aident les gens à traverser des caniveaux ou ruisseaux inondés. Ils les portent au dos ou en pousse pousse moyennant une somme qui va de 200 à 500 Fc.
Toujours sous la pluie, d’autres vendent des chapeaux de bain et des imperméables en sachet.
La boue et la saleté après la pluie ont créé le métier des laveurs de pieds. Ces derniers lavent les pieds des passants qui ont piétiné de la boue lors de leurs courses notamment aux niveaux des marchés de Kinshasa. Ils opèrent souvent au grand marché de Kinshasa appelé zando.
Les mamans bipupola et les mamans bikabola
Ces deux catégories sont surtout visibles dans les différents ports qui bordent le fleuve Congo à Kinshasa, dans les parkings, etc.
Leurs métiers consistent à tamiser les sacs des fufu, des maïs, etc. Elles les débarrassent de la saleté, insectes et autres détritus. Ensuite, elle récupèrent elles mêmes ses déchets pour les revendre ou les utiliser autrement.
Quant aux mamans bikabola, elles aident les clients à partager équitablement leurs sacs de fufu, des maïs, etc. Elles sont payés en argent ou en nature.
Quant au Bana Kwata, ils servent d’indicateurs aux clients et des commissionnaires aux marchés, magasins et boutiques.
Créer pour survivre: un cas type
Dans une ville de 10 millions d’habitants comme Kinshasa, celle la créativité et l’ingéniosité permettent aux jeunes de survivre.
Pourtant, RDC est un pays potentiellement très riche mais cette richesse ne profite qu’à une infime partie de la population.
Classée au 186e rang dans l’indice de développement humain (IDH) en 2012, le revenu par habitant est inférieur à 1 dollar, selon le PNUD.
Comparativement, Jonathan Mbala, 32 ans « gagne bien sa vie » selon ses propres dires.
Son business: lockeur/ laveur des véhicules.
Lui et ses amis occupent un parking sur l’avenue Lac Moero. Ils lavent et nettoient les véhicules qui viennent y parquer.
Le nettoyage coûte environ 1000 et 2000 Fc par véhicule. Ils font aussi payer un droite de parking.
Le prix pour le parking est de 500 à 1000 Fc. « Cela dépend de la bonne foi des chauffeurs. » Ils sont 5 à travailler dans ce parking et se partagent les bénéfices. Il gagne entre 5000 Fc et 10.000 Fc par jour. Cela lui permet de payer sa maison, de s’occuper de sa femme et de ses enfants : 3 au total.
D’autres métiers
Les vendeurs ambulants et à la sauvette pullulent dans les rues et avenues de Kinshasa. Tout y est vendu: habits, chaussures, savons, clés et porte clés, les fruits, les légumes, la charcuterie, etc.
Généralement ils achètent les produits chez les grossistes ou les fournisseurs et les revendent en détails.
D’autres vendent des chiens, des produits de pêches et d’élevage tels les poissons du fleuve, les serpents, etc.
Le changeur appelé aussi cambiste est devenu incontournable du fait de la dollarisation de l’économie nationale. 1 dollar vaut 1600 Fc officiellement. Il est changé à 1630 Fc par le changeur. Il gagne la différence sur chaque transaction.
Il y a aussi les changeurs de la monnaie locale qui aident les conducteurs pour obtenir des petites coupures. Pour un billet remis de 1000 Fc, ils vous remettent 800 Fc en billet de 50 ou 100 Fc. Bénéfice net de 200 Fc.
Le Gouvernement doit prendre des mesures d’encadrement pour soutenir ces jeunes débrouillards notamment par l’octroi des micro crédits. Mais aussi des facilités en terme des taxes et la protection contre les malfrats.
Thierry bishop Mfundu