Kasaï : les enfants, premières victimes de la crise

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Lorsque le mari de Lusamba Marie Katambua a été tué l’an dernier, la jeune femme venait de mettre au monde leur sixième enfant à l’hôpital. « On nous a dit de quitter l’établissement, car c’était dangereux », se souvient-elle. Mais dès qu’ils sont arrivés chez eux, des hommes armés ont fait irruption dans la maison et ont exécuté son mari sous ses yeux et ceux des enfants.

« Ils ne tuaient que les hommes, raconte Lusamba. Ils ont épargné le reste d’entre nous. » Elle et ses enfants ont plié bagage et fui dans la brousse avec leurs voisins. Lusamba et ses enfants se sont cachés pendant quatre mois, se nourrissant de racines de manioc crues déterrées qui leur permettaient à peine de survivre, et buvant de l’eau sale.

Lorsque des actes d’une violence inouïe ont frappé la région du Kasaï, en République démocratique du Congo, en 2016, des centaines de milliers de personnes ont dû fuir pour sauver leur vie, abandonnant derrière elles leur maison, leur village et, dans les situations les plus désespérées, les membres de leur famille trop âgés ou malades. Parmi ces personnes en fuite, beaucoup étaient des enfants.

Pour les enfants les plus vulnérables, en particulier ceux qui risquent à tout moment de mourir de malnutrition, la situation actuelle dans la région du Kasaï est comparable à un tsunami de pauvreté, de privation et de conflit. Les enfants sont bel et bien les premières victimes de la crise au Kasaï.

 

Que signifie la crise au Kasaï ?

La violence a initialement éclaté dans la région du Kasaï en août 2016, à la suite de tensions entre des chefs traditionnels du Kasaï-Central et le gouvernement et s’est rapidement propagée au début de l’année 2017. Ces tensions intercommunautaires ont alimenté un conflit plus large impliquant des milices, des groupes armés et des forces de sécurité dans toute la région.Au delà du Kasaï, la situation humanitaire en République démocratique du Congo s’est considérablement détériorée depuis un an.

Combien de personnes ont été touchées ?

Lorsque les violences ont éclaté en 2016, des centaines de milliers de personnes ont dû fuir pour sauver leur vie. Les femmes et les enfants déplacés par la violence se sont réfugiés dans des lieux isolés pour se mettre en sécurité, perdant ainsi tout accès à des biens et à des services essentiels en lien avec la santé, l’eau, l’assainissement et l’éducation. Les milices ont utilisé les enfants pour combattre et tuer, ou s’en sont servis comme boucliers humains. À l’heure actuelle, 3,8 millions de personnes, dont 2,3 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire dans la région du Kasaï.

 

De quelle manière l’UNICEF apporte son aide ?

L’UNICEF est sur le terrain pour aider à acheminer des fournitures vitales et à fournir des services essentiels. Depuis janvier 2017, grâce au travail de l’UNICEF et de ses partenaires, 71 500 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ont reçu un traitement, et depuis août 2017, 2 millions d’enfants ont été vaccinés contre la rougeole, plus de 326 400 enfants ont eu accès à de l’eau et à des services d’assainissement et d’hygiène et plus de 1 700 enfants relâchés par les milices ont reçu de l’aide.

 

Les enfants et les milices

L’aspect le plus effroyable de la crise dans la région du Kasaï reste l’utilisation des enfants par les milices. D’après le Groupe mondial de la protection et le Groupe mondial de l’éducation, les enfants représentent au moins 60 % des forces miliciennes de la région.

Les milices utilisent les enfants pour combattre et tuer, ou s’en servent comme boucliers humains. Tous ces enfants ont dû endurer un « rite d’initiation », durant lequel les futurs soldats, quel que soit leur âge, sont obligés de boire des potions alcoolisées contenant parfois des os humains broyés et de manger de la chair humaine ou des insectes dans le but d’acquérir des pouvoirs surnaturels censés les protéger pendant les combats.

Une crise nutritionnelle

Malgré une situation plus stable sur le plan de la sécurité dans certaines parties de la région et le début du retour des populations déplacées dans leur communauté, la situation humanitaire reste critique.

Plus de 770 000 enfants en bas âge souffrent de malnutrition. Parmi eux, 400 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère et doivent être soignés de toute urgence, soit 10 % de la population des enfants de moins de 5 ans – un chiffre stupéfiant.

Une crise sanitaire

Au-delà de la menace de la malnutrition, les enfants de la région du Kasaï font face à une crise sanitaire permanente. De nombreux enfants en bas âge n’ont pas pu recevoir leurs vaccins après que la violence et les déplacements ont détruit les centres de santé et interrompu les campagnes de vaccination, les rendant encore plus vulnérables aux maladies infantiles mortelles.

L’accès aux soins de santé est aussi devenu de plus en plus difficile pour les personnes qui n’ont pas été déplacées durant le conflit. Selon les chiffres de l’UNICEF et de ses partenaires locaux, 224 centres de santé ont été pillés, incendiés ou détruits dans les villages touchés par la violence, ce qui a privé des centaines de milliers de familles de toute possibilité de bénéficier de services de santé.

Une scolarité interrompue

L’interruption de la scolarité en raison du conflit prive les enfants de la région du Kasaï d’un avenir viable.

En 2017, près d’un demi-million d’enfants dans la région n’ont pas pu terminer leur année scolaire et il est fort probable que la scolarité des enfants soit toujours perturbée en 2018.

Depuis le début du conflit, 416 établissements primaires et secondaires ont été attaqués ou utilisés à des fins militaires et près de 100 écoles ont été détruites.

 

Déplacés à cause des violences

La violence dans la région du Kasaï a généré des déplacements massifs. Il est difficile de prédire l’incidence que ce traumatisme aura sur la vie et sur l’avenir des personnes déplacées.

Les personnes cachées dans la brousse sont les plus vulnérables et les plus difficiles à aider. Elles n’ont pas d’abri réel et sont dépourvues d’eau potable, de structures d’assainissement, de nourriture et de soins de santé. D’autres ont pu se réfugier chez des parents ou dans des familles d’accueil, mais ces derniers luttaient déjà pour survivre avant le début de la crise.

 

UNICEF – SOS Enfants

Article disponible sur https://www.unicef.org/fr/sos-enfants/r%C3%A9publique-d%C3%A9mocratique-du-congo

 

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