Le monde entier célèbre ce mardi 1 mai, la fête du travail. Encore une énième fois, cette fête se passera sans tambour ni trompette en RDC. Et pour cause, l’Intersyndical national du Congo ne prendra pas part aux activités marquant la célébration de la fête du travail.
Le Coordonnateur national de ce syndicat Guy Kuku l’a fait savoir dans une déclaration faite lundi à la presse. Les travailleurs justifient cette décision par le fait que le gouvernement n’a pas revu à la hausse le salaire minimum prévu. Or ce dernier avait consenti à garantir le paiement des travailleurs sur base du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Il n’a jamais honoré son engagement.
En novembre 2017, le Conseil national du travail (CNT) avait décidé de faire passer le SMIG de 1.680 à 7.075 FC/jour, soit 5 USD au taux de 1.415 FC, à partir du 1 janvier 2018. Jusqu’à ce jour, cette hausse du SMIG n’a jamais été mis en application.
Le Gouvernement est resté sourd à plusieurs revendications et doléances des travailleurs.
Égalité, parité et équité salariales : inexistantes
La RDC est marquée par la non-amélioration de la situation des travailleurs et de leurs conditions.
D’ailleurs, depuis plusieurs décennies, cette fête du travail n’a été qu’une façon de se moquer de la masse laborieuse qui voit son pouvoir d’achat s’amincir de jours en jours.
Tous les gouvernements qui se sont succèdés, se sont toujours illustrés par des chapelets d’intentions souvent utopiques. Leur objectif étant de continuer à bercer le peuple, en général, et les travailleurs, en particulier. Cela en usant des mots savamment étudiés pour, sans aucun doute, pérenniser la situation des chômeurs.
N’ayant jamais travaillé de leur vie, beaucoup des Congolais arrivent chômeur jusqu’à l’âge de la retraite.
Dans le public comme dans le privé, les travailleurs broient du noir
Un salaire honteusement indécent et loin du minimum vital, malgré la bancarisation de leur paie en ce qui concerne les fonctionnaires et agents de l’État. Chez les particuliers, c’est pas fameux. Certains travailleurs touchent jusqu’à 30$ le mois et la sous traitance ne facilite pas les choses.
Le travailleur congolais mène sa vie dans des conditions précaires au regard du coût de la vie. Son revenu ne répond plus à ses besoins. La situation de ce laissé-pour-compte ne répond pas à la situation économique et financière d’aujourd’hui. L’inflation galopante, résultante de la dégringolade du franc congolais par rapport à la devise américaine, a fortement amenuisé le contenu du panier de la ménagère.
Ajouter à cela les conséquences de cette situation qui a des répercussions négatives sur le social.
En effet, les salaires indécents, payés ou non – les grèves et autres arrêts de travail monnaie courante ces derniers temps – sont loin de contribuer à nouer les deux bouts du mois. Ce qui fait que se nourrir, se vêtir, se faire soigner, payer les factures d’eau et d’électricité, scolariser les enfants, relèvent du parcours du combattant. Et le social à améliorer dont se targue le gouvernement Tshibala à 7 mois des élections, relèverait d’un miracle que seul Dieu peut opérer. Dans cet intervalle de temps, cette amélioration du social est un leurre.
Le 01 mai: Une fête sans travail
En dehors des paillettes et tralala sur le boulevard Triomphal, la fête du travail apparaît comme un non événement. Mais cette année, même ces tralala n’auront pas lieu ni les pagnes et uniformes qui vont avec. « Une fête, sans travail, qui n’est que de nom, » a déclaré Léon Kanyinda, employé à la SCTP, ex-ONATRA, plusieurs mois impayés.
La revalorisation des conditions de travail et du paiement des salaires décents doivent être les leitmotiv du Gouvernement.
Les gens mécontents ne doivent pas fêter
D’après Guy Kuku, » les gens mécontents ne devraient pas fêter ». Car, précise t-il, « à la manifestation du 1 mai, l’Etat a besoin des travailleurs qui doivent venir ovationner et acclamer et dire que nous sommes à la fête. Est-ce que les gens mécontents peuvent aller à une fête », s’interroge-t-il.
Certains plus privilégiés que d’autres
Il existe d’énormes disparités salariales entre les travailleurs en RDC. Par exemple, un député national touche 11.550.000 francs contre 87.000 francs pour un huissier.
Est-ce que les professionnels congolais sont-ils vraiment motivés à travailler pour un employeur qui ne favorise qu’une infime classe d’employés?
Ce qui choque le plus c’est que cette infime classe d’employés de l’État (Ministres et Députés) en plus de leur salaire, ont de nombreux autres avantages. Tandis que le petit salarié de l’État semble abandonné à son triste sort.
Si le peuple ne peut se faire soigner à l’étranger au frais de l’État pourquoi offrir ce privilège à cette petite minorité. L’État n’a pas à payer les frais médicaux pour cette minorité, d’ailleurs déjà bien nantie. Si elle désire se faire soigner à l’étranger et bien qu’elle le fasse à ses propres frais.
Que dit la Constitution de la RDC?
Cet extrait de l’article 36 de la Constitution de la RDC mentionne que «l’État garantit le droit au travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine, etc.».
2 mots ont retenu mon attention: «rémunération équitable» et «dignité humaine». Y a-t-il vraiment un effort réel de la part du gouvernement de faire respecter la substance de cet article?
Est-ce que nos dirigeants se préoccupent-ils vraiment du sort de leurs compatriotes?
Très souvent ils ne leur restent que très peu de temps à consacrer aux problèmes du peuple. Le simple citoyen est donc abandonné à son triste sort.
Thierry bishop Mfundu