Crise socio-économique: Le gouvernement sur le banc des accusés

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Administration publique de la RDC

Si la déclaration de l’archevêque de Kinshasa, Mgr Monsengwo Pasinya, a été perçue comme une attaque dirigée vers les animateurs des institutions de la République, elle sonne en même temps comme une interpellation adressée à la société congolaise. Une invitation à rompre avec les anti-valeurs. Un appel à la prise de conscience collective pour engager cette fois-ci le pays dans la voie de la démocratie véritable et de son développement.

 

Sinon, que peut-on attendre des seuls dirigeants qui ne sont en réalité que le reflet de la société ? Que peuvent-ils faire si ce n’est que reproduire les multiples tares de cette société ? C’est dire que le Cardinal Monsengwo, qui s’adresse d’abord aux tenants du pouvoir qui, après tout, tiennent les commandes et sont par ce même fait investis de tous les attributs pour rompre en premier avec ces tares qui minent et gangrènent notre système socio-politique, fait le procès de la société congolaise.

 

Les animateurs des institutions interpellés au premier chef

 

Sur le banc des accusés, le premier d’entre eux, à savoir le gouvernement, est chargé par l’inénarrable  Laurent. Ce désormais procureur de la démocratie qui, dans son réquisitoire autrement plus sévère,  exige que les médiocres dégagent et que la paix règne. Manifestement, ce réquisitoire correspond à l’intime conviction du juge suprême, le souverain primaire. Insultant, excessif, tendancieux, dit-on pourtant du côté du pouvoir. C’est bien cela sa stratégie de défense. Mais n’y a-t-il pas une bonne dose de vérité dans les propos du Cardinal ? Ne sont-ils pas conformes à la réalité sur terrain.

 

La corruption et la concussion devenues systématiques dans l’administration publique et d’autres services de l’État, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, la privatisation des forces de défense et de sécurité, la confiscation des médias publics par une poignée d’individus, la restriction des libertés publiques, notamment celle de manifester, l’engagement, depuis des années, des magistrats n’ayant pas de licence en droit, le monnayage des points à l’université et les PST (points sexuellement transmissibles), la prolifération des centres de santé non viables, l’absence d’un système d’assainissement, des constructions anarchiques avec la complicité des commis de l’État…

 

Tout ceci ne témoigne-t-il pas d’un réel problème de gestion de la chose publique ? Que font les autorités pour rompre avec cette anormalité ? Visiblement rien du tout, sinon pas grand-chose. Surtout qu’elles en sont dans certains cas les instigateurs et/ou bénéficiaires. Pour nombre d’entre elles la préoccupation étant plutôt de se remplir gracieusement les poches et de préserver leur pouvoir afin de s’assurer qu’elles continueront à se servir, même s’il faut pour cela sacrifier la population.

 

Dès lors, comment qualifier ces dirigeants ? Puisque c’est cela le débat. Ce n’est  peut-être pas le plus important, mais ça fait débat. Sont-ils bons, excellents, mauvais ou médiocres ? Quoiqu’il en soit, la RDC, ce pays de merde, pardon, ce pays où les antivaleurs se sont substituées aux valeurs, n’est pas condamné à demeurer dans cette anormalité.  Il est possible d’ouvrir une nouvelle page et s’engager dans une voie plus prometteuse. A une seule condition. Que les actuels dirigeants qui n’ont pas pu, pendant tout ce temps, répondre aux attentes de la population, réalisent leurs limites et comprennent qu’ils doivent céder la place, par les élections, à d’autres Congolais qui sauront, peut-être, assurer l’envol du pays. Que les responsables du désastre socio-économique, politique, sécuritaire, que sais-je encore, s’en aillent donc et que vivent la démocratie et la paix ! Ainsi, aura-t-on mis fin à la médiocrité. Peut-être !

 

Ce que doit être l’après-Kabila

 

Il est impérieux qu’à l’avènement de l’alternance au sommet de l’État, ceux qui auront la lourde charge de présider aux destinées du pays prennent le ferme engagement d’imprimer une nouvelle dynamique dans la conduite des affaires de l’État. Une dynamique empreinte du sens du devoir, du bien commun.

 

Les dirigeants auront à cœur le bien-être de leurs concitoyens et intégreront dans leur structure de pensée la notion du respect de la chose publique. Ils feront alors clairement la part des choses. Les biens de l’État ne seront plus mêlés à leurs patrimoines privés.

 

Et pour s’assurer que la République ne sera pas dépouillée, mieux saignée à blanc, comme c’est le cas depuis plusieurs décennies, l’on devra veiller à la stricte application de l’article 99 de la Constitution qui impose à tout membre du gouvernement et au Président de la République de déposer, avant leur entrée en fonction et à l’expiration de celle-ci, devant la Cour constitutionnelle, la déclaration écrite de leur patrimoine familial, énumérant leurs biens meubles, y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banque, leurs biens immeubles, y compris terrains non bâtis, forêts, plantations et terres agricoles, mines et tous autres immeubles, avec indication des titres pertinents.

 

Trois mots suffisent pour traduire ce qui apparaît comme la condition sine qua non du salut national : changement de mentalités. Si l’impulsion doit venir d’en haut, la vérité c’est que tout le monde devrait mettre la main à la pâte. Car le problème est beaucoup plus délicat et complexe qu’on peut l’imaginer. Il est systémique et engage tout notre système socio-politique, toute notre communauté.

 

L’alternance politique ne saurait apporter, bien au-delà de l’espoir que l’on pourrait placer sur l’un ou l’autre acteur politique, le changement véritable que si les uns et les autres, tous et à l’unisson, à quelque niveau que ce soit, décident de bannir les antivaleurs et aussi de briser ce cycle infernal qui n’en finit pas depuis les années qui ont suivi l’indépendance du pays. Au cas contraire, on n’en terminera pas justement. Et après Kabila serait égal à l’ère Kabila. Car les mentalités n’auront pas changé. On aura simplement changé d’animateurs, et le système resterait le même.

 

JPD Libaku

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