L’énergie solaire alimente en eau les agriculteurs nigériens

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Boubacar Issoufou Alzouma se tient à côté des panneaux solaires. Le système de pompage de l’eau alimenté par l’énergie solaire lui permet de faire tourner les cultures sur son exploitation à Finaré, au Niger.Crédit photo : ICM Niger

WASHINGTON, États-Unis, le 17 Mars, 2023/African Media Agency(AMA)/Boubacar Issoufou Alzouma dirige une grande exploitation agricole à Finaré, au Niger. « D’ici jusqu’à Niamey la terre est couverte de végétation, alors qu’auparavant elle n’était pas cultivée, » explique Alzouma. C’est l’irrigation solaire qui a permis de faire la différence. Alzouma a acquis plusieurs pompes à énergie solaire avec l’appui du projet d’Accès aux services électriques solaires au Niger (NESAP), financé par la Banque mondiale. Les pompes et conseils techniques qu’il a reçus lui ont permis d’irriguer de vastes étendues de terre, de diversifier ses cultures, et d’augmenter ses rendements. De quoi changer la donne au Niger, où la sécurité alimentaire est primordiale.

Le Niger est un grand pays enclavé, au climat majoritairement aride. Il est touché par des conflits de moyenne intensité, comme quatre de ses voisins d’Afrique de l’Ouest : le Burkina Faso, la Libye, le Nigéria et le Tchad. Plus de 80 % des 25 millions d’habitants du pays n’ont pas accès à l’électricité, ce qui représente la plus forte proportion en Afrique subsaharienne. Cependant, la demande énergétique augmente tandis que la croissance démographique dépasse les efforts d’électrification.

L’agriculture représente près de 40 % du PIB du Niger et emploie 81 % de sa population. Bien que les produits agricoles constituent le deuxième poste d’exportation du pays, le Niger fait face à une insécurité alimentaire considérable en raison des sécheresses, de la violence, des inondations, et de la faible résilience face au changement climatique. L’électrification de la production agricole apparaît comme une solution évidente. Les pompes à irrigation solaires et d’autres équipements ont fait la preuve de leur potentiel de transformation du pays en augmentant les rendements des récoltes et la production.

« Auparavant, je n’irriguais qu’une petite parcelle à l’aide d’une pompe à eau au diesel, » explique Alzouma. « Avec l’irrigation solaire, nous faisons maintenant pousser des arbres fruitiers, des oignons, des tomates, et du moringa. Nous cultivons même du riz ! »

En voyant les hauts rendements obtenus par Alzouma, ses voisins à Finaré ont suivi son exemple.

Idé Sanda est agriculteur à Winditane près de Balleyara, à environ 100 km au nord-est de Niamey. Sanda a acheté des pompes solaires en 2018 par l’intermédiaire du programme NESAP. Auparavant, il utilisait des pompes à moteur diesel pour irriguer, mais « la production était faible par rapport à l’investissement. » La facilité d’utilisation et la fiabilité des pompes solaires l’ont encouragé à étendre son exploitation de 2 à 3 hectares. Il peut à présent exploiter plusieurs rotations de cultures.

Bénéficiant d’un financement de 50 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA), le projet NESAP permet d’étendre l’accès au crédit aux compagnies privées qui vendent des équipements productifs tels que les pompes solaires. Quatre compagnies vendant des pompes solaires et représentant la moitié de toutes les ventes de pompes au Niger ont ainsi fait appel à cette ligne de crédit, fournissant 800 pompes solaires aux exploitations nigériennes depuis 2017.

Le projet NESAP a prêté plus de 1,5 million de dollars aux différents acteurs de la filière solaire : importateurs, grossistes, détaillants, installateurs et fournisseurs d’électricité.

Au départ, le projet a développé une campagne de sensibilisation des consommateurs comprenant des spots publicitaires et des expositions itinérantes afin d’impliquer les consommateurs, les partenaires potentiels, ainsi que les institutions financières. Les modèles commerciaux ont été adaptés afin d’attirer l’investissement privé.

«Accroître l’accès à l’électricité par le biais de l’énergie solaire au Niger est essentiel, particulièrement dans les zones rurales, pour permettre la transformation économique et l’autonomisation. En profitant de l’appui et du crédit fournis par notre projet, les agriculteurs augmentent vraiment les rendements, la rotation, et peuvent même diversifier leurs cultures, un élément déterminant pour la sécurité alimentaire.»

Kwawu Mensan Gaba,
responsable du pôle Énergie à la Banque mondiale

Crédit photo : ICM NigerUn ouvrier agricole sur l’exploitation d’Idé Sanda à Winditane installe une pompe solaire acquise avec l’aide du programme NESAP.

« Accroître l’accès à l’électricité par le biais de l’énergie solaire au Niger est essentiel, particulièrement dans les zones rurales, pour permettre la transformation économique et l’autonomisation, » explique Kwawu Mensan Gaba, responsable du pôle Énergie à la Banque mondiale. « En profitant de l’appui et du crédit fournis par notre projet, les agriculteurs augmentent vraiment les rendements, la rotation, et peuvent même diversifier leurs cultures, un élément déterminant pour la sécurité alimentaire ici. »

Un projet plus vaste sera lancé cet été pour étendre les succès du projet NESAP. Le projet d’Accélération de l’accès à l’électricité au Niger (HASKÉ) est un programme décennal approuvé en 2021 (pour un montant de 800 millions de dollars) qui intègre des réseaux, des mini-réseaux, ainsi que des solutions hors réseau pour fournir l’électricité et des moyens de cuisson non polluants. Le projet facilitera l’acquisition de systèmes solaires à des fins productives (notamment des systèmes d’irrigation solaire), en se concentrant sur les ménages et les entreprises vulnérables et dirigés par des femmes. Près de 10 000 entrepreneurs et agriculteurs ruraux devraient bénéficier des systèmes solaires qui leur permettront de réduire leurs coûts de production et d’augmenter leurs revenus.

L’Initiative d’amélioration des moyens d’existence et du capital humain (a) du Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) a appuyé la conception du projet HASKÉ par une assistance technique et un travail analytique sur les modèles d’affaires durables pour les systèmes d’irrigation solaire.

Au-delà du Niger, le projet régional d’électrification hors réseau (ROGEP), financé à hauteur de 334 millions de dollars, vise à compléter les efforts existants au niveau national par le biais d’une approche régionale harmonisée. Couvrant 19 pays, le projet ROGEP est conçu pour développer les capacités, contribuer à une campagne de sensibilisation aux produits solaires, et offrir des subventions et des prêts aux entreprises du secteur solaire.

Distribué par  African Media Agency pour la banque mondiale

Source : African Media Agency (AMA)

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