La problématique du pouvoir des médias et des dégâts dont ils seraient la cause suscite, depuis plusieurs décennies, des discussions scientifiques des plus fertiles au sein de la grande communauté des savants.
Si l’on est généralement arrivé à dégager un consensus autour de la puissance des médias, on a souvent relativisé cette influence sur le comportement des récepteurs en faisant émerger d’autres facteurs (sociaux, culturels, religieux, etc) qui co-agissent avec ceux-ci. La thèse de la toute-puissance des médias a été, en effet, battue en brèche par des modèles thérioques ayant démontré les limites évidentes des effets des médias.
De la même manière qu’ils ne peuvent à eux seuls modifier des comportements, les médias ne pourraient endosser toute la responsabilité des conflits notamment, quoique dans l’opinion on a tendance à leur attribuer trop de pouvoir qu’ils n’ont pas. Ils ont le pouvoir, mais pas tout le pouvoir.
De nombreuses expressions comme « quatrième pouvoir » participent à inoculer cette idée dans les opinions publiques, à faire valoir la thèse de la grande puissance des médias, son rôle déterminant dans la pratique de la démocratie et dans la formation des opinions publiques.
Conscients de cette puissance (bien que relative) des médias, les acteurs, particulièrement ceux de la sphère politique, les manipulent à leur guise en vue d’atteindre dans bien de cas leurs visées, le plus souvent loin de l’intérêt commun. Cette utilisation abusive des outils médiatiques, associés à d’autres facteurs, serait à la base des conflits que l’humanité a connus (ou de leur aggravation) et qui sévissent aujourd’hui avec la plus grande atrocité dans les États sans grande expérience démocratique.
Le véritable ancrage des États africains dans la culture démocratique ne sera en effet possible que lorsque, entre autres, les médias auront à coeur, malgré leur positionnement idéologique légitime, leur mission de consolidation de la démocratie.
.
Doudou Bossassi