Depuis une semaine, Jean-Marc Kabund est au centre de tous les débats. Sa démission annoncée, puis avortée a suscité un véritable tollé au sein de la classe politique et donné lieu à une bataille rangée entre les affidés du chef de l’État (dit-on humilié par ce lieutenant trop zélé) et celui justement que les combattants de l’Udps appellent affectueusement 520 gigas en raison de sa grande combativité.
Traqué jusque dans ses derniers retranchements, Jean-Marc s’accroche, mais se retrouve finalement seul contre tous. Nenni ! Si les cadres se font de plus en plus rares autour de lui, la base, elle, ne l’a pas du tout rejeté. Du moins, une partie non négligeable de cette puissante base du parti présidentiel . Manifestement, la position de l’Udps d’en haut n’est pas celle de l’Udps d’en bas.
Possibles explications : la volonté des cadres de s’offrir ou s’assurer, chacun, un meilleur positionnement personnel et l’idée de vengeance longtemps caressée par certains cadres aigris et qui trouvent, dans cet épisode, leur plus grande aubaine. Pourtant, un rapide détour par les réseaux sociaux numériques permet de relever sans ambiguïté le décalage entre le choix des cadres et la position de la base.
De nombreuses publications, à travers les communautés virtuelles, et les commentaires qu’elles suscitent de la part des militants de l’Udps et d’autres soutiens du tombeur de Joseph Kabila majoritairement issus de la tribu luba (ce n’est que vérité!) attestent cela. Implacablement! En effet, l’échantillon que nous avons observé apporte largement son soutien à Jean-Marc Kabund. Sa mentalité de combattant reconnue par Étienne Tshisekedi de son vivant (il l’aurait même qualifié de héros vivant) et par la base militante du parti ainsi que ses origines luba auxquelles la plupart se reconnaissent en sont, de notre point de vue, les raisons fondamentales. Désolé de le dire comme ça, mais la tribu constitue bien souvent un critère déterminant d’appartenance aux partis politiques dans les pays africains. Il s’agit là de la dimension affective qui l’emporte quasi systématiquement sur celles cognitive et évaluative.
Maintenant, si Tshisekedi veut le faire partir de la présidence de l’Udps, il l’obtiendra assurément. Les instances du parti vont le lâcher, comme elles le font déjà. Dans le respect des textes du parti ou pas du tout. Peu importe. Dans bien de cas, l’application des dispositions légales et des textes réglementaires sont le cadet des soucis des tenants du pouvoir. Hélas! Kabund va donc partir, mais il va laisser des fissures, surtout au niveau de la base. L’Udps institutionnelle n’en souffrira pas outre mesure.
Fort de la grosse artillerie qu’il s’est patiemment constitué aux côtés de ses bourreaux d’aujourd’hui, l’homme de Kingabwa ira certainement grossir les rangs de l’opposition. Ses « frères d’armes » d’hier, dont il connaît les faiblesses, les secrets, les tactiques, seront ses nouvelles cibles. Et en 2023, Tshisekedi, contrairement au scrutin de 2018, ne sera plus le seul maître à bord dans le grand Kasaï. Si nos prédictions sont bonnes et si la Ceni n’est pas mise au pas évidemment. Cette dernière hypothèse est pourtant la plus plausible. Sauf si la surprise décide de dire sa part de vérité, celle-là même qui s’impose à tous.
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Doudou Bossassi