Une recrudescence de la violence contre les enfants ainsi que de nouvelles formes d’exploitation et d’abus sexuels à l’encontre de ces derniers pendant ces périodes de confinement auront « des conséquences à vie pour des millions de personnes dans le monde », a averti une experte indépendante des droits de l’homme des Nations Unies.
NEW YORK, USA, le 7 Mai 2020,-/African Media Agency (AMA)/- Selon Mama Fatima Singhateh, Rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la vente et la prostitution des enfants, entre 42 et 66 millions d’enfants dans le monde se trouvent déjà dans une situation socio-économique précaire, avant même l’apparition de l’impact caché de la crise de Covid-19.
« Les dommages causés à des millions d’enfants seront dévastateurs si nous tardons à mobiliser les services de protection de l’enfance pour la détection précoce et la prévention », a déclaré Mme Singhateh dans un communiqué de presse.
D’après l’experte gambienne, les restrictions de voyage liées au nouveau coronavirus ont engendré de nouvelles formes d’exploitation et d’abus sexuels des enfants. En ces temps de Covid-19, l’exploitation sexuelle des enfants s’est traduite par des tentatives d’établir un service de « livraison » ou de « service au volant ».
Il y a également eu une augmentation du nombre de tentatives d’accès à des sites web illégaux contenant du matériel pédopornographique.
« La production et l’accès à du matériel pédopornographique et à des abus pédosexuels en ligne en temps réel sont devenus une alternative facile pour préparer et attirer les enfants à des activités sexuelles et pour échanger des images dans les communautés en ligne », a ajouté Mme Singhateh.
Inclure les enfants dans les prises de décision affectant leur vie
Pour évaluer l’ampleur de cette crise sur les enfants les plus vulnérables, l’experte indépendante estime qu’une cartographie complète et des mesures de protection de l’enfance rapides et réactives sont primordiales. Ce qui permettrait d’en savoir un peu plus sur la situation des réfugiés, des déplacés, des sans-abris, des migrants, des minorités, des habitants de bidonvilles ou des handicapés.
« La pandémie de Covid-19 laissera ceux qui sont déjà laissés pour compte encore plus à la traîne », a-t-elle fait valoir.
Mme Singhateh plaide donc pour une campagne de prévention, mais aussi une sensibilisation du public. « Des systèmes de protection de l’enfance non discriminatoires, des services d’assistance téléphonique élargis et un hébergement sûr figurent parmi les mesures essentielles pour atténuer les dommages », a-t-elle insisté.
L’experte indépendante onusienne soutient que les prestations sociales et les filets de protection sociale devraient donner la priorité aux communautés et aux familles à faible revenu et vulnérables afin d’atténuer les dommages collatéraux de Covid-19 sur les enfants.
Elle estime que la récente note de politique générale du Secrétaire général de l’ONU sur « l’impact du Covid-19 sur les enfants » devrait servir de feuille de route pour définir notre réponse à la crise. « Nos engagements pris dans le cadre des objectifs de développement durable de ne laisser personne à la traîne sont plus pertinents que jamais », a-t-elle rappelé.
« Les enfants devraient avoir la possibilité de participer de manière significative et inclusive afin que leur voix soit entendue et amplifiée dans les décisions qui affectent leur vie », a conclu Mme Singhateh.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
NOTE
Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.
Source : African Media Agency (AMA)