Justice vs Kamerhe: État de droit, complot ou scénario?

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C’est en pleine période d’état d’urgence sanitaire que le Procureur Adler Kisalu choisit de l’inviter et de le placer finalement sous MAP (mandat d’arrêt provisoire).

Au CPRK où Vital Kamerhe est écroué, on venait de signaler quelques jours plus tôt un cas suspect de COVID-19. Avec toute la promiscuité qui caractérise ce centre pénitentiaire.

Le moment était-il propice pour le transférer à la prison? Ne pouvait-on pas à la limite le placer en résidence surveillée ? Craignait-on vraiment sa fuite ?

Étonnant tout de même quand on sait que c’est une personne en vue, de surcroît Directeur de cabinet du chef de l’Etat. Manifestement, le moment n’était pas fortuit. Sans doute.

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État de droit sélectif à 2 vitesses?

S’il s’agit des signes avant-coureurs d’un État de droit, on attendra alors que la même justice se saisisse très vite des dossiers de détournements impliquant des responsables politiques de tous les bords politiques, entre autres le CACH, Lamuka et surtout le FCC du temps où ils avaient le contrôle de toutes les institutions.

Il faudra fouiner dans le passé. C’est aussi ça l’État de droit.

Trop beau pour être vrai, pensent certains observateurs du microcosme politique congolais qui redoutent une scénarisation. Ce n’est ni plus ni moins qu’un scénario conçu pour donner les apparences d’un État de droit et peut-être à la fin blanchir le tout-puissant et planificateur Dircab, estiment-ils.

Pour d’autres pourtant, VK, passé très vite du statut de renseignant à celui de prévenu a été simplement trahi.

Mais qui a ourdi ce complot? Son principal partenaire du CACH, l’UDPS, ou l’autre partenaire du FCC ?

A l’UDPS, on pense en effet que l’élu de Bukavu prenait trop d’espace à la présidence de la République. Il ferait ombrage au Chef de l’État.

Selon un cadre influent de l’UDPS, VK se comporterait davantage comme un concurrent qu’un serviteur. La base de l’UDPS était visiblement pour la défenestration du Dircab, prenant prétexte du détournement présumé des fonds alloués aux travaux des 100 jours par celui-ci.

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La présidentielle de 2023 comme enjeu

On sait aussi que l’UDPS voudrait s’émanciper de l’accord de Nairobi qui prévoit que le CACH (donc l’UDPS aussi) soutiendrait la candidature de l’UNC Vital Kamerhe à la prochaine présidentielle.

Une condamnation pour détournement le mettrait automatiquement hors course.

Serait-ce la raison de ses ennuis judiciaires aujourd’hui? Difficile à dire. Nul doute cependant qu’à l’UDPS on jubile, on se délecte de la « descente aux enfers » de l’enfant terrible de Bukavu. Cet allié devenu trop encombrant.

Les plus sceptiques voient à travers ce feuilleton judiciaire la main noire du FCC qui multiplierait des stratagèmes afin de fragiliser le pouvoir du président de la République.

Dans cette démarche purement politicienne, il serait plus aisé pour eux d’ arriver à leurs fins en mettant à terre son collaborateur le plus proche et le plus redoutable. Son directeur de cabinet.

D’où ce scénario funeste. La justice serait-elle à ce point instrumentalisée? Difficile de s’avancer sur ce terrain.

En tout état de cause, le ministre de la justice, un kabiliste pur sang soit dit au passage, promet depuis des mois l’établissement d’un État de droit par la bonne administration de la justice.

Serait-on finalement en train de rebattre et de redistribuer les cartes? Les prochaines séquences permettront de voir plus clair. En attendant, les commentaires vont dans tous les sens.

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JPD Libaku

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