Finances publiques: où sont passés les 15 millions?

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La République Démocratique du Congo est non seulement un scandale géologique mais aussi un scandale financier. En effet, plusieurs domaines de la vie génèrent de l’argent.

Malheureusement, seule la population ne semble pas profiter de cette manne. La gabegie financière, ayant élu domicile chez l’élite politique, ne permet pas à la RDC d’avoir un Budget à la hauteur de sa position stratégique et de ses ambitions.

Le malheur de ce pays serait d’avoir eu des dirigeants adeptes de la mauvaise gouvernance. Le défaut de son peuple, c’est d’être toujours complaisant. Fanatique envers ces mêmes dirigeants qui, eux, ont fait le choix de s’enrichir illicitement.

Nous avons tous décrié la mauvaise gestion du régime de Joseph Kabila. Tous, nous l’avons combattu.

Avec l’avènement de Félix Tshisekedi, un opposant à la tête du pays, tous, nous espérions que les maux décriés pendant les 18 ans qu’a duré le règne de Joseph Kabila allaient peu à peu disparaître.

Malheureusement, la corruption, le détournement, le trafic d’influence semblent avoir encore de beaux jours devant eux avec Félix Tshisekedi. En RDC, être opposant n’est pas synonyme de bonne gouvernance une fois au pouvoir.

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Félix TSHISEKEDI : Un ange au milieu des diabolos?

« Le Président de la République est animé de bonnes intentions. Malheureusement il s’est fait entourer des jouisseurs préoccupés par la recherche du lucre et non par la satisfaction de l’intérêt général », entend-on parfois de la bouche de certains congolais.

En effet, avec l’alternance pacifique intervenue au sommet de l’Etat, le nouveau président bénéficiait d’un capital-confiance de départ qu’aucun de ses prédécesseurs, sauf peut-être Kasa-Vubu, n’avait.

Les erreurs de communication, les faux pas en matière de gestion du cabinet présidentiel, les extravagances des successeurs du régime Kabila ont rapidement terni cet acquit.

Tenez ! Du Conseiller financier en passant par le Conseiller Spécial en matière d’investissement et même jusqu’à la Maison civile du chef de l’État, dirigé par son oncle, le respectueux Gérard Mulumba, tout le monde semble être en quête du lucre.

Comme si cela ne suffisait pas, une guerre fratricide s’est même ouverte au sein de la Présidence entre l’UDPS/Diaspora et l’UDPS/RDC d’une part et entre UDPS et UNC d’autre part.

Adeptes des coups bas, les différents camps s’accusent mutuellement de faire fuiter des documents parfois sensibles émanant de la Présidence.

Conséquence ? Nous assistons à une auto fragilisation du CACH, la plateforme présidentielle.

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Le « Petrolegate » : 15 millions de dollar, une affaire de trop?

Le 17 août 2019, Jean-Hervé Mbelu biosha, Directeur Général Adjoint de l’ANR (Agence nationale de renseignements) envoie une réquisition à l’Inspection Générale des Finances (IGF).

Il demande à ce service de mener des enquêtes et de lui fournir toutes les informations sur les dépenses effectuées par l’ensemble des ministres depuis l’avènement du Président Tshisekedi.

« L’ANR ne peut pas contrôler les finances publiques, seule la Cour des Comptes et l’Assemblée Nationale ont pouvoir de contrôler les finances publiques » dixit certains ténors de l’ancien camp présidentiel.

Le décret organisant l’ANR est clair à ce sujet, les agents de renseignement sont des officiers de police judiciaire. Et à ce titre, ils peuvent légalement collaborer à la lutte contre les crimes économiques et blanchiment des capitaux.

L’Inspection Générale des Finances, quant à lui, fait état, à la suite d’une enquête publiée au cours du mois de juillet 2019, de la disparition dans les caisses du Trésor public de 15 millions de $ issus de revenus pétroliers.

Dans son rapport, l’IGF en appelle à l’implication du Président de la République et indexe le Ministère des Finances et celui du Budget, seules autorités capables de dire exactement où serait parti cet argent.

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Quand la Présidence bloque une enquête de la Présidence

Saisi par une lettre du Ministre des finances qui voulait savoir si c’est la présidence qui avait autorisé cette enquête, Vital Kamerhe, Directeur de cabinet répond  » Le Président de la République, chef de l’État et moi même n’avons aucunement autorisé une telle mission (…). L’Inspection Générale des finances qui me lit en copie doit arrêter immédiatement avec ses enquêtes « .

Le Directeur de cabinet n’a pas de pouvoir de décision. Il agit sur instructions du Président de la République. Alors pourquoi avoir écrit :  » Le Président de la République et moi-même », s’interroge l’opinion. Vital Kamerhe n’était-il pas au courant de la réquisition d’information du DG de l’ANR ? Pourquoi l’enquête de l’Inspection Générale de finances met-elle mal à l’aise le Directeur de cabinet ?

Autant des questions qui attendent des réponses idoines de la part des concernés.

Précisons que le DG de l’ANR agit sous l’autorité directe du Président de la République. L’Inspecteur Général des Finances, aussi. Tout comme le Conseiller spécial en matière de sécurité, qui a interpellé les inspecteurs.

Tous, sont sous l’autorité directe du président de la République.

Alors pourquoi cet imbroglio au sommet de la République ? Que nous cache-t-on ?

Entre temps, plusieurs mouvements citoyens dont la VICI-RDC et d’autres organisations de la société civile organisent ce jeudi 05 septembre à 10h une manifestation pour exiger les explications claires et précises sur la disparition de 15 millions de dollars.

Par cet acte, ils veulent aussi apporter leurs soutiens aux enquêteurs de l’Inspection Générale des Finances.

L’Etat de droit ne doit pas seulement être un slogan. Il doit se vivre et s’appliquer. La vérité d’abord !

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Me Merphy Pongo

Avocat et Chercheur en Droit Public
Whatssap: +243815762731

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