RDC : un fauteuil pour deux ?

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Doit-on croire que le sang versé par les congolais lors de la répression sanglante des manifestations contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila aurait été futile?

Rossy Tshimanga, Deshade Kapangala, Luc Nkulu et plusieurs autres dizaines des congolais tués, réprimés, emprisonnés pour l’alternance l’ont-ils été pour rien ?

Les récentes informations parvenant de la « fameuse » coalition FCC-CACH nous poussent à répondre par l’affirmatif.

En effet, l’alternance tant vantée par le nouveau Raïs congolais et ses acolytes ne le serait que de façade. Et même si Felix Tshisekedi affirme être « pleinement » président, dans la sphère politique congolaise le vécu est tout autre.

On assiste à une véritable cacophonie décisionnelle dans laquelle des décisions prises par le président sont boudées par certains ministres.

Alternance vous avez dit ? Oui, à la « mbeya mbeya » ! Une mascarade qui au fil du temps dévoile sa vraie nature.

Que l’on ne se trompe guerre : Joseph Kabila est bel et bien là ! En tous cas, à travers son FCC, il tient les rênes du pouvoir… depuis Kingakati, le nouveau Kawele.

Il est à la primature, à l’Assemblée nationale, au Sénat et même à la présidence. Sinon sur base de quoi le premier ministre irait lui présenter la liste des candidats ministres?

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Joseph Kabila plus qu’omniprésent dans les institutions

Confiné dans une coalition politique dont son prédécesseur Joseph Kabila est non seulement majoritaire mais aussi dominant, Félix Tshisekedi est contraint à cogérer le pays.

Aucune grande décision ne peut être prise sans l’avis préalable de « l’autorité morale » du FCC. D’ailleurs lui-même Tshisekedi l’avait reconnu quand il s’agissait de la libération des prisonniers politiques.

Et la seule fois que le nouveau raïs congolais a tenté prendre ses distances, ses décisions ont été bloquées. En effet, les ordonnances, jusque-là non exécutées,nommant les gestionnaires à la Gecamines et à la SNCC ont fait l’objet de débat à l’Assemblée nationale. Et même un député de la majorité parlementaire s’en est pris au président allant jusqu’à le traiter « d’inconscient ».

Et lors des négociations pour la formation du gouvernement, « l’autorité morale » du FCC a lui aussi eu sa part des ministères régaliens. Il lui a été réservé: la Défense, la Justice et les Finances. Mais aussi des ministères économiquement stratégiques ( Portefeuille, Mines, Plan).

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Ilunga Ilunkamba jette le pavé dans la mare

Alors que le débat sur une prétendue influence de l’ex-président sur le nouveau alimente l’opinion, Ilunga Ilukamba crève l’abcès.

« Je vais faire rapport au président de la république et à l’autorité morale du FCC », avait il annoncé après avoir reçu les listes des ministrables.

En cette matière, le pays n’a juridiquement qu’un seul et unique centre d’impulsion et de décisions. Il s’agit de l’institution Président de la république. D’autant plus qu’il revient au président de nommer les membres du gouvernement.

Le premier ministre étant formateur du gouvernement, après consultations de forces vives de la république et après avoir reçu les listes des ministrables entre les mains de deux coordinateurs de la majorité parlementaire, les conclusions de ces consultations ne devraient avoir pour destination que le Président de la république.

Faire autrement amplifie l’opinion selon laquelle Kabila fait ombrage à Tshisekedi.

Le Premier ministre est le premier collaborateur du Président de la république. il est celui qui traduit la vision politique du président en programme du gouvernement.

Pour ce, il doit être le premier à faire allégeance au Président et non le confronter à son prédécesseur. Surtout que celui-ci n’occupe aucune fonction officielle.

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Merphy Pongo

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