Réformes électorales en RDC : les électeurs ont aussi leur mot à dire

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Vote improvisé à Beni

Au mois de juin prochain, l’équipe dirigeante de la CENI arrive à la fin de son mandat.

Et comme toujours, les politiciens doivent se réunir pour déléguer des membres pour une nouvelle équipe.

Chaque cycle électoral en RDC apporte aussi son lot des réformes électorales.

Ces réformes sont nécessaires au vu des plusieurs facteurs qui ont émaillé la mandature passée.

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Des réformes inéluctables

Ces reformes s’annoncent donc inéluctables à cause des résultats mitigieux des élections de 2018.

D’une part, il y a la corruption qui a marqué les élections indirectes des sénateurs, des gouverneurs et Vice gouverneurs.

D’autre part, il y a la question de l’indépendance de la CENI et de la crédibilité des résultats des scrutins.

Ajoutons à cela, les sanctions américaines qui frappent Nangaa, Basengezi père et Basengezi fils. Tous responsables à la CENI.

La problématique de la corruption des grands électeurs ne date pas de 2018.

Déjà en 1992, lors de la CNS, le professeur Lihau refutait l’idée des élections indirectes pour les présidentielles.

Il soupçonnait déjà des actes de corruption auprès de grands électeurs.

Le président Félix Tshisekedi est revenu le 26 février dernier sur la même question.

Pour lutter contre la corruption des grands électeurs, Felix Tshisekedi a proposé le changement du mode de scrutin.

Il préconiserait les élections directes pour les sénatoriales et les gouverneurs.

Et ce, à l’instar des présidentielles, des législatives nationales et provinciales.

« Je combattrai la corruption avec toutes les méthodes démocratiques possibles. Ce, jusqu’à ce que cela soit totalement éradiquée dans notre société » a-t-il martelé.

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Les mêmes élections produisent les mêmes résultats

Si l’on continue dans la même lancée, on craint que les élections municipales et urbaines soient entachées des mêmes irrégularités.

On va se retrouver avec des animateurs des villes, communes et secteurs, de toute évidence, corrompus.

Les élections municipales et urbaines seront entachées de corruption si rien n’est fait pour prévenir.

Reddy Amisi a chanté :  » baloba omoni ndoki belela noki mongongo ekufa. »

Comme en 2011, les élections de 2018-2019 vont chuter sur une réforme de la loi organique de la CENI.

La législation actuelle a permis à la CENI d’exercer son indépendance institutionnelle. Mais celle ci reste hypothétique.

Il reste maintenant que cette indépendante devienne effective.

Il y a surtout l’indépendance d’esprit et d’actions de la part de ses membres.

Mais le plus important est surtout leur capacité à résister à la corruption.

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Les reformes s’imposent

Il faut dire que les élections c’est aussi une affaire de gros sous.

Où trouver les oiseaux rares? Dans la société civile ? Dans les confessions religieuses ? Parmi les hauts magistrats?

Faut il recruter les membres politiques sur base d’un concours par un organisme international crédible?

Quelques soient les changements voulus et les facteurs à prendre en compte, les réformes électorales doivent être inclusives.

Elles doivent aussi apporter plus de transparence, de neutralité, de crédibilité, d’intégrité…

Bref, elles doivent être organiser avec plus d’éthique.

Les réformes électorales ne sont pas innocentes.

Évitons que la volonté subjective d’un groupe social d’intérêt soit coulée dans la loi électorale.

Cela ne doit pas non plus être le fait exclusif de l’élite mais faire l’objet de consultation publique comme cela s’observe sous d’autres cieux.

Les électeurs ont aussi leur mot à dire. Ils sont les plus concernés dans ces réformes et ne doivent pas être utilisés comme simples marche pieds.

Le cas Sankuru doit nous servir de jurisprudence où le mieux élu est décrié par les mêmes électeurs censés l’avoir élu.

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Thierry Bishop Mfundu

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