La visite du Chef de l’État aux USA fait couler beaucoup d’encre et de salive dans les officines de Kinshasa.
Plusieurs déplorent le fait qu’il ne soit pas reçu au bureau ovale par Donald Trump.
Plusieurs s’interrogent si un chef d’État peut effectuer un voyage officiel dans un autre État sans rencontrer son homologue?
Capsud.net est allé interviewé Erick Bukula, expert en communication politique pour en savoir plus sur la forme de communication à adopter dans ce cas d’espèce.
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Visite d’État ou visite de travail?
Erick Bukula estime qu’Il y a une grande difference entre visite d’État et visite de travail.
Pour lui, critiquer le pouvoir en place ne peut être à l’avantage d’une démocratie que si ces critiques sont objectives, rationnelles et non basées sur la haine ou le tribalisme.
« Ce qui ne semble pas être le cas dans la twitosphère et la toile en RDC, » affirme-t-il.
A propos de la polémique sur la visite du Chef de l’État aux USA, il estime que chacun y va de sa dose.
Certains se moquent du fait que Fatshi ne rencontrera pas Trump, d’autres vont même jusqu’à souligner qu’il n’a pas eu droit au tapis rouge ou honneurs militaires.
« Nos twitteurs semblent tous devenus des experts en toutes matières mais nombreux sont restés ignorants du fait qu’il y a une différence entre visite de travail et visite d’État, » a-t-il déclaré.
Selon lui, Il existe une hiérarchie protocolaire dans la visite des dirigeants étrangers dans un pays hôte.
La voici :
1) Visite d’État
2) Visite officielle
3) Visite de travail
4) Visite privée
La visite d’Etat n’est effectuée que par le chef d’État du pays visiteur.
Elle se reconnait notamment par les symboliques et le cérémonial.
C’est ici que vous trouvez tapis rouge, passage en revue des troupes: la maison blanche (USA) ou la tour Eiffel (France) aux couleurs du pays du dirigeant visiteur.
Dans une visite d’État, généralement le visiteur prononce un discours devant les institutions du pays hôte: Congrès (USA), Parlement (France).
Il y a aussi le dîner entre chefs d’États, visites de lieux historiques hautement symboliques, etc.
En revanche, le symbolique n’est pas forcement au rendez vous dans une visite officielle et encore moins dans une visite de travail.
Et cela, même pour les hauts dirigeants des puissants pays comme les USA, la France, la Russie ou la Chine.
Il cite en exemple, la visite officielle de Trump en France en juillet 2017.
Il n’avait pas fait de discours devant le Parlement.
Pendant la visite officielle du saoudien Ben Salmane, l’Élysée n’était pas ornée des couleurs de l’Arabie saoudite.
« Certes, une visite de travail peut être effectuée par un simple ministre. Mais en cas de forte priorité et importance, le Chef de l’État peut se déplacer en personne, » ajoute-t-il.
Et dans ce cas, estime Erick Bukula, une rencontre avec son homologue du pays hôte n’est pas forcément à l’ordre du jour.
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Le président Félix est en visite de travail
« Cela dit, un petit coup d’oeil sur le compte Twitter officiel de la Présidence de la RDC et vous remarquerez que la viste de Fatshi aux USA est une visite de travail, » affirme-t-il.
Et à Washington, Fatshi travaille en effet selon ce communicateur politique.
« C’est ainsi qu’il a rencontré le Secrétaire à l’énergie (dossier Inga III), le Secrétaire d’État (Diplomatie et sécurité à l’Est de la RDC).
Ainsi que des investisseurs privés et des membres de la diaspora congolaise, » a-t-il rassuré.
Ce qui ne serait pas le cas s’il était en visite officielle ou en visite d’État.
Rappelons que le voyage du président Félix Tshisekedi est consécutif à une invitation du département d’État. Ce grand ministère américain qui a un budget de plus de 10 fois celui de la RDC invite de fois des chefs d’État et des gouvernements pour des séances de travail.
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Thierry Bishop Mfundu