Me Charlène Yangazo: »en RDC, les conditions carcérales des femmes sont déshonorantes »

share on:

La situation carcérale de la femme constitue l’une des épines dans le talon de droits humains en RDC. Ces femmes vivent des conditions de détention inacceptables.

Car en sus de leur privation de liberté, ces femmes sont privées de leurs droits fondamentaux, quoi qu’ayant déjà des problèmes spécifiques liés à leur nature féminine.

Dépitée par cette situation, Me Charlène Yangazo Dimba, Coordonnatrice de l’ASBL « Outre Neuve » lance un vibrant appel à la communauté nationale et internationale à se pencher sur la situation carcérale de la femme. Ce, en marge de la journée internationale de la femme.

.

Etat des lieux d’une situation carcérale inhumaine

A travers son organisation, Me Charlène Yangazo explique le calvaire que vivent les femmes incarcérées dans nos différents cachots et autres lieux de détention. En effet, révèle-t-elle:

« Dans ces cachots les problèmes sont légion. Mais les problèmes généraux les plus fréquents et récurrents demeurent : la sous-alimentation, le manque d’hygiène et des soins de santé. L’unique aliment dont bénéficient ces femmes de la part la prison est le haricot« .

Et de préciser que quand nous parlons de la femme prisonnière, il est fait allusion non seulement aux femmes détenues dans des prisons, mais aussi à celles détenues dans les cachots des parquets, des commissariats de la Police et autres agences des renseignements.

En effet révèle Me Charlène Yangazo, les femmes abandonnées par leurs familles sont obligées de conditionner leur organisme à ne manger que le haricot.

Ce qui paraît être de son avis est une forme de torture. Car insiste-telle:

« Les obliger à manger du « VUNGULE » qui est une déformation de l’expression « Vous mourez ! ».

Pour ce qui est de soins de santé, il existe certes des centres de santé dans les prisons. Mais celles-ci sont des véritables mouroirs car les médicaments y font défaut et les infrastructures sont dans un état de délabrement très avancé. Au point que les malades sont obligés de se prendre en charge. Quant à l’hygiène, les locaux sont lugubres et insalubres. L’insalubrité et la promiscuité favorisent la transmission des nombreuses maladies.

.

Négligée, la nature féminine est mis à rude épreuve dans ces cachots

Outre ces problèmes, il y a ceux liés à la nature féminine. Ces femmes qui vivent en promiscuité, sont vulnérables au viol.

A titre illustratif, en 2009 plus ou moins 20 femmes ont été violées dans une prison à Goma. Et c’est loin d’être un cas isolé.

Celles détenues dans des cachots vivent en promiscuité avec les hommes, ce qui viole le droit à leur intimité.

Et même en prison, toutes, sans tenir compte de l’âge, des infractions et des taux de peines, sont logées dans un même local. Ce qui est déshonorant et insécurisant.

.

Quid de l’apport de l’Etat dans le système carcéral vis-à-vis de la femme ?

Me Charlène Yangazo juge insignifiant l’apport de l’Etat congolais est insignifiant. Et ce, en partant du cadre juridique régissant les prisons.

« Quoique la RDC a ratifié plusieurs instruments internationaux y relatifs, les prisons congolaises sont régies par l’ordonnance n°344 du 17 septembre, une loi mise sur pied au lendemain de l’accession du pays à l’indépendance, les frais de fonctionnement que l’Etat alloués aux établissements pénitenciers sont modiques, le non recyclage et le tri du personnel pénitentiaire qui a d’ailleurs vieilli« .

Et d’ajouter qu’après le cas du viol massif dans la prison de Goma, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban-Ki-Moon, avait même invité les autorités congolaises à engager une réforme du système pénitentiaire en vue de se conformer aux normes minimales internationales. Ce qui est resté lettre morte.

Les prisons congolaises sont surpeuplées et mal entretenues. Et les détenus de sexe féminin y vivent l’insécurité totale.

Pour y remédier, l’ASBL « Outre Neuve » suggère la construction des nouvelles prisons. Mais aussi, l’assouplissement des peines de certaines infractions afin d’éviter une surreprésentation des détenues préventives.

.

Berckmans Kitumu

Leave a Response

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.