D’après le président Kabila les élections du 23 décembre seront les meilleures que la RDC aura connues depuis 1959. Promesse faite au cours d’une interview accordée au journal belge, le Soir.
Est-ce ironique, une fausse prétention ou un souhait réel? Dans tous les cas, le « taiseux » aura parlé. Et dans un contexte bien précis. Celui augurant une alternance démocratique en RDC. Une première dans l’histoire de ce pays continent.
Une alternance obtenue, non grâce au bon vouloir de celui qu’on tend à élever (à tort) au rang des «pères de la nation».
Cette alternance c’est plutôt, le résultat d’une lutte menée par des vaillants citoyens dont certains ont payé de leur vie. L’ignoble assassinat de Rossy Tshimanga ne pourra nous être d’aussitôt effacé.
Il fait en effet parti de ces héros, martyrs, ayant lutté pour l’alternance démocratique en RDC. Il en est autant de ceux qui, comme Carbone Beni, croupissent injustement en prison pour la démocratie.
En effet, face à la pression intérieure et celle de certains chefs d’État de la sous région, le «Raïs» s’est choisi un dauphin. Ce dernier représentera sa plateforme aux scrutins du 23 décembre.
Scrutins que Joseph Kabila annonce comme les meilleurs depuis…1959.
Comment compte-t-il les organiser?
Voilà le dilemme cornélien auquel est soumis le pouvoir actuel de Joseph Kabila. Il se pose deux problématiques pour les élections de 2018.
La première est le manque de confiance qu’inspire le patron de la CENI: Corneille Nangaa. Ce dernier fait preuve de beaucoup des versatilités et des suffisances dans ce propos.
Il a déclaré au cours d’une interview qu’il n’a pas besoin de gagner la confiance des parties prenantes.
De l’autre côté, il y a la problématique de la machine à voter. Une question qui divise les parties prenantes aux élections.
La notion a même évolué au fil du temps : machine à voter, imprimante à voter, etc.
Un autre couac est le déploiement du matériel électoral.
La semaine dernière, la CENI a assuré que 70 % des machines à voter avaient été déployées partout dans le pays en vue des élections.
Une assertion, parfois prise pour argent comptant dans certains médias.
Cette assertion est elle loin de la réalité ?
« Aussi bien du côté de la majorité que de l’opposition, les gens n’ont pas confiance dans le processus électoral car ils sentent un énorme décalage entre ce que la CENI dit et ce qui se passe sur le terrain […] Bien que la CENI dit que des machines à voter ont été déployées, personne ne croit plus désormais en la possibilité de tenir des élections un tant soit peu crédibles dans de tels délais », a expliqué à juste titre, la semaine dernière au micro de Radio Okapi, Bob Kabamba,Professeur à l’Université de Liège en Belgique.
Jusqu’à ce jour, seules 35.000 machines à voter sur les plus de 105.000 qui sont censées être déployées partout dans le pays sont effectivement arrivées en RDC. Mais les panneaux solaires, qui doivent les alimenter, se trouvent encore en Chine.
D’autres problèmes demeurent : les batteries, déjà incorporées aux 35.000 machines livrées, non pas été testées.
Quid de la formation des agents électoraux?
En outre, la formation des personnels souffre d’insuffisance. 201 personnes ont déjà été formées en qualité de formateurs. A leur tour, celles-ci doivent recruter et former quelque 18.000 techniciens, un chiffre qui correspond au nombre de centres de vote répartis sur l’ensemble du territoire.
Leur formation vient à peine de débuter. 18 000 techniciens devront ainsi formés 90.000 chefs de bureaux de vote.
Enfin, la transmission des données de vote doit se faire par internet. Pour cela, les autorités comptent utiliser la 3G là où il y a une couverture. Mais dans les territoires où celle-ci est inexistante, des thurayas ont été commandés.
Ces derniers ne sont toujours pas arrivés en RDC.
Or nous sommes dans une situation où 35.000 machines à voter réceptionnées sur les plus de 105 000 attendues.
Ces machines sont sans moyen de les alimenter, avec des batteries non vérifiées et la formation des personnels loin d’être terminée.
Il y a notamment 108.000 agents qui restent encore à former à ce jour.
À 20 jours des élections, on voit mal, même avec la meilleure volonté du monde, comment les délais pourront être tenus.
Le président de la république peut être sincère dans ces propos mais les propos seuls ne suffisent pas. Les élections de 1959 ont été organisés dans les meilleures conditions générales.
Il y a eu recensement de la population, le pays jouissait d’une paix relative, le gouvernement avait les moyens financiers suffisants, etc.
Ce qui est contraire à la réalité actuelle.
Pour le moment, contentons nous des paroles du Chef de l’État. Il est du genre: « il a promu, il a réalisé ».
Thierry Bishop Mfundu
bien bishop.bon travail.