Il est 09h00′ à Kinshasa : la place de l’échangeur se remplit peu à peu. Des drapeaux, calicots, banderoles du leader ou du parti ou encore d’un message de soutien au candidat ou de refus de la machine à voter.
Ce n’est pas la grande foule attendue mais l’ambiance est là. Les fanfares et les groupes d’animation attendent là depuis 07h00.
Certains leaders sont déjà là: Pierre Lumbi, Marie Josée Ifoku, Freddy Matungulu, Claudel Lubaya, Theodore Ngoy, Jacques Ndjoli.
Plusieurs candidats députés sont là aussi avec leurs bases. Ils ont reçu des consignes strictes de leurs partis : » il ne faut pas venir seul. Venez avec 4 personnes au minimum. »
On attends encore Vital Kamerhe et Muzito qui doivent amener le gros du monde.
L’opposition unie sans l’UDPS
La température commence à monter avec l’arrivée de Fidèle Babala et de Muzito avec les militants du MLC et du nouvel an venus tout droit de l’Est de la ville de Kinshasa.
Un soleil d’aplomb s’abat sur Kinshasa, la chaleur se confond avec les cris hostiles au pouvoir et à Félix Tshisekedi, l’opposant devenu traître à leurs yeux. Son nom est le plus scandé par la foule.
La foule commence à faire le mouvement vers le boulevard triomphal.
Vital Kamerhe arrive enfin vêtu d’un T-shirt rouge et d’un pantalon blanc, les couleurs de son parti.
Le go de la marche est lancé vers 09h59′.
Les organisateurs demandent à la foule de faire preuve de retenue et de ne pas troubler l’ordre public.
Les principaux leaders de l’opposition ferment la marche. Ils se serrent les bras et marchent ensemble à pas lent sous une température de 38°.
Il faut dire que Pierre Lumbi, numéro 2 du mouvement Ensemble est obligé d’abandonner la marche très tôt, le poids de l’âge oblige, sûrement.
Des escouades entiers de la police accompagnent les marcheurs et font fi de la provocation.
Un animateur du MLC passe de rang en rang en criant : » ne donnez pas de l’eau aux policiers. C’est eux qui nous tuent. »
3 groupes se sont démarqués pendant la marche
Trois groupes se distinguent dans la marche:
– les Katumbistes en tête du peloton avec des banderoles en bâche numérique et des t-shirts sortis tout droit de leurs sachets d’origine.
Il faut dire que la veille au soir, le siège de G7 est devenu un centre de distribution de polos et des frais de transport. Certaines indiscrétions parlent de 5$ par personne.
– les Bembistes dans le 2e groupe. Ils sont conduits par Jacques Ndjoli et Fidèle Babala. Ici, les polos du retour de Bemba sont encore en usage.
Mais leurs partisans sont les plus farouches et les plus durs vis-à-vis de Félix Tshisekedi.
À la hauteur de la 10e rue Limete là où se trouve le siège de l’UDPS, ils ont eu du maille avec les militants de ce parti qui faisait le guet à la permanence.
N’eût été l’intervention de la police, on aurait assisté à un désordre généralisé;
– le troisième et dernier groupe est celui des autres leaders. Vital Kamerhe, Martin Fayulu et Adolphe Muzito se démarquent du lot. Visiblement ce dernier savoure sa première expérience d’opposant sur terrain.
Il a réussi à mobiliser une bonne partie de Tshangu, fief naturel du PALU dont certains militants crient son nom à tue tête.
Manifestation et carnaval
Chaque groupe des militants a sa manière de célébrer son rejet de la machine à voter: certains transportent un cercueil et une croix, une image d’enterrement définitif de la machine à voter.
Les autres portent des épaves des ordinateurs, symboles de la tricherie de la machine à voter.
Passant par le Boulevard Sendwe, la foule débarque au boulevard triomphal où une autre foule attendait depuis le matin.
Après la lecture du mémo à déposer à la CENI, la foule fut priée de regagner leurs domiciles respectifs.
Des petits groupes se formèrent aussitôt en direction des bistrots situés sur les avenues Shaba, Kasa vubu et le couloir Madiakoko vers Oshwe et Mpozo.
Au bas mot, plus de 500 manifestants ont bâti le pavé du boulevard Lumumba pour dire non à la machine à voter.
Thierry Bishop Mfundu