Massacres de Beni: faut-il une ingérence humanitaire internationale ?

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Depuis octobre 2014, environ 1000 personnes ont été tuées dans une série de massacres ou d’attaques dans la région de Beni.

La dernière tuerie d’envergure, rappelle-t-on, a coûté la vie à plus de 20 personnes dont 15 civils.

Vu l’urgence de la situation et la passivité des forces de sécurité, plusieurs s’interrogent s’il faut une ingérence humanitaire pour éviter des futurs massacres.

 

Qu’est ce qu’une ingérence humanitaire ?

En politique internationale, l’idée d’ ingérence humanitaire est apparue durant la Guerre du Biafra ( 1967 – 1970 ).  Le conflit a entraîné une épouvantable famine, largement couverte par les médias occidentaux mais totalement ignorée par les chefs d’États et de gouvernement au nom de la neutralité et de la non-ingérence.

Les défenseurs de l’ingérence humanitaire la justifient principalement au nom d’une morale de l’urgence : « on ne laisse pas les gens mourir ».

Elle puise son fondement dans la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 .  Pour eux, une ingérence n’est donc légitime que lorsqu’elle est motivée par une violation massive des droits de l’homme et qu’elle est encadrée par une instance supranationale, typiquement le conseil de sécurité des Nations unies .

Ainsi, en RDC, les forces onusiennes sont intervenues directement lors des rébellions qui ont secouées le pays dans les années 60 et 70.

Du 06 juin au 06 septembre 2003, une opération militaire dénommée :  » Artémis. » Cette force avait en effet été déployée pour mettre fin dans l’immédiat aux combats du conflit d’Ituri et faire cesser les exactions à l’encontre des populations civiles dans la capitale de ce district de la république démocratique du Congo.

Ainsi, les Nations unies disposaient du temps nécessaire à la mise en place d’une nouvelle « Brigade Ituri » des casques bleus de la MONUC .

 

Appel au déploiement d’une force de la SADC

Dans cette optique, les partis politiques de l’opposition implantés dans la ville et le territoire de Beni au Nord-Kivu ont appelé dimanche 30 septembre le Conseil de sécurité de l’ONU au vote d’une résolution ordonnant le droit d’ingérence humanitaire.

Ils ont ainsi demandé à la SADC de déployer une force spéciale indépendante en RDC pour mettre fin aux massacres des civils dans cette région.

Ils ont déploré les aveux d’impuissance et l’incapacité des institutions de la RDC de sécuriser la population de Beni.
Selon eux, « ces deux fléaux: massacre et Ebola – constituent une sérieuse menace sécuritaire et humanitaire non seulement pour la ville et le territoire de Beni mais aussi pour l’humanité tout entière. »

D’où l’urgence selon ces partis d’une ingérence humanitaire. C’est pourquoi, ils ont demandé au conseil de sécurité des Nations unies de voter dans l’urgence une résolution ordonnant le droit d’ingérence humanitaire en RDC pour faire face aux violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire qui sévissent à Beni.

 

Création d’un groupe de travail sur Beni

Face à l’insécurité qui prévaut dans cette zone, une réunion interministérielle a réunie lundi le premier ministre, les membres du gouvernement, le président de l’A.N et les élus du nord Kivu au palais du peuple.

À l’issue de cette réunion, Henri Mova Sakanyi a indiqué la mise en place d’un groupe de travail pour réfléchir sur les pistes de solution aux problèmes de Beni.

Le groupe de travail créé à l’issue de cette réunion va s’organiser comme il se doit pour bien faire son travail, a-t-il dit, signalant qu’il y a déjà des gens qui opèrent sur le terrain au quotidien notamment le chef d’état-major général des Forces armées de la RDC (FARDC) qui est à pied d’œuvre à Beni depuis une semaine.

Est il que ce groupe de travail doit s’atteler pour arrêter le massacre quant on sait que sur terrain les combats continuent entre les FARDC et les présumés ADF/ NALU.

Le devoir d’ingérence est l’obligation qui est faite à tout État de veiller à faire respecter le droit humanitaire international. Refusant ainsi aux États membres de l’ONU tout « droit à l’indifférence », cette obligation n’ouvre toutefois aucun droit à l’action de force unilatérale. Elle doit plutôt être comprise comme une obligation de vigilance et d’alerte à l’encontre de telle ou telle exaction qu’un gouvernement serait amené à connaitre.

Pour éviter cette ingérence, le gouvernement congolais doit prendre des dispositions pour protéger et sécuriser sa population. Question d’éviter de se couvrir du ridicule.

 

Thierry Bishop Mfundu

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