Législatives nationale et provinciale: un enjeu politique oublié

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Bureaux de vote Kinshasa

Le 23 décembre 2018, les congolais iront de nouveau voter si la CENI, l’organe technique le permet. Néanmoins, les Congolais ne voteront pas uniquement le nouveau Président de la République. Ils doivent aussi élire les députés nationaux et provinciaux.

Pourtant sur terrain, on a l’impression que seule la présidentielle a la prééminence au niveau des débats politiques.

C’est comme si l’enjeu législatif n’intéressait pas grand monde malgré la présence de plus de 15.000 candidats pour 500 sièges à la chambre basse et 17.355 candidatures pour 715 sièges aux provinciales.

 

Dauphin par-ci et candidat commun par-là

Il faut dire que l’élection présidentielle domine le débat politique actuel. Aucun média ne s’en passe: dauphin par-ci et candidat commun par-là.

Finalement rien ou presque rien sur les législatives… Et pourtant?

Le Président de la République bien que garant des institutions dans un régime semi présidentiel comme le notre. Mais sa capacité d’agir et des décisions dépend largement des forces en présence au niveau de l’Assemblée nationale.

Y compris au niveau des assemblées provinciales où les gouverneurs sont censés relayer la politique nationale dans leurs provinces.

Ainsi, la mise en pratique d’un programme présidentiel dépend largement de son assise dans l’Assemblée. C’est ce qui a permis par exemple à Joseph Kabila de mettre sous sa botte les précédentes législatures qui lui étaient totalement acquises.

Ainsi des lois ont été votées pour satisfaire son appétit présidentiel. Il y a notamment le passage du scrutin présidentiel de 2 à 1 tour sur la loi électorale.

Voici jusqu’où est prêt à aller une assemblée pour faire triompher le programme de son champion.

Bref, le chef de l’Etat dirigera mieux s’il bénéficie d’une majorité conséquente à la Chambre. Au cas contraire, Sinon, il éprouvera d’énormes difficultés pour faire appliquer son projet par le Gouvernement.

Le cas le plus hypothétique sera sans doute le risque de ne pas voir son gouvernement être investi par l’Assemblée nationale.

Il sera alors confronté à la cohabitation comme Mitterand-Chirac ou Chirac-Jospin. Ou à un scénario plus proche de nous: celle de Kasa Vubu et Lumumba.

En cas de non cohabitation, il y aura purement et simplement: dissolution de l’Assemblée et la tenue des législatives anticipées.

Ces deux hypothèses ne permettront pas à coup sûre au Chef de l’État de parvenir à ses fins.

Et dans ce scénario, il faut aussi ajouter les différentes motions de défiance et de destitution, véritables croques à jambe pour l’exécutif.

 

Plusieurs enjeux à venir

Au delà de l’exécutif, plusieurs enjeux attendent les nouveaux représentants du peuple: des reformes sociales, politiques et économiques à la hauteur d’un État presque un demi continent.

Même pour le nouveau Raïs, il y a autant des attentes que des enjeux à l’échelle nationale, régionale et même niveau international. Ce qui demandera au nouveau président d’avoir des coudes d’acier pour transcender ces différents défis qui se dresseront devant lui.

C’est pourquoi la majorité et l’Opposition actuelle, chacune, doit déjà penser à investir en vue des législatives à venir.
Et cela doit aller de paire avec le même niveau de consécration pour la présidentielle.

Il faut envisager donc des alliances au cas par cas sur le terrain pour obtenir un grand nombre des députés et atteindre la majorité.

Il faut éviter un triomphalisme de façade et des duels fratricides. Cela n’auraient pour effet que d’amoindrir les chances des uns et des autres à obtenir une large majorité au parlement.

Ainsi, il faut ratisser large au vu notamment du fameux:  » seuil électoral, » véritable camouflet pour les petits partis.
D’où il faut des grands regroupements politiques et des larges coalitions à l’image du FCC, de AFDC et alliés, de UDPS et alliés, MLC et alliés, etc.

Ainsi donc, chers acteurs politiques, toutes tendances confondues, le temps est venu de mettre de côté vos divergences futiles et inutiles, de mettre en place des projets communs susceptibles de vous permettre d’obtenir la majorité aux législatives et triompher à la présidentielle.

Cela passe par l’impératif unité face à son altesse sérénissime, sa majesté seuil électoral sinon ça sera un pouvoir de nom et non de fait.

Comme qui dirait Karl Marx:  » acteurs politiques du pays, unissez vous. »

 

Thierry Bishop Mfundu

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