Il y a 21 ans mourrait le Maréchal Mobutu

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Le 7 septembre 1997, Mobutu surnommé  » Roi du Zaïre, » mourrait au Maroc à l’âge de 66 ans. Il a régné pendant 32 ans à la tête d’un pays-continent qui est devenu la RDC.

Exsangue, vidé par les hémorragies, il pesait à peine quarante kilos. Il a souffert énormément et voulait même en finir avec sa vie selon les carnets de Colette Braeckman.

 

Une sobre cérémonie funéraire

Sa cérémonie funèbre a eu lieu en présence d’un cercle restreint composé de sa famille et du dernier carré de fidèles. Il est inhumé dans un modeste tombeau en forme de chapelle au cimetière européen de Rabat, réservé aux non-musulmans.

Une sépulture presque anonyme, que seules trois lettres entrelacées sur la pierre permettent d’identifier, MSS, les initiales posthumes du défunt.

 

Double affront

Pourtant à l’heure de sa gloire, Mobutu répétait à qui voulait l’entendre : “On ne dira jamais de moi : voilà l’ex-président du Zaïre, mais : ci-gît Mobutu, président du Zaïre.” Et pourtant, ex-président il le fut.

Après sa chute en 1997, il vécu en exil un peu plus de cent jours. Ex-président, il gît depuis vingt ans loin de la terre de ses ancêtres. Mobutu n’est pas mort au pouvoir. Il n’est pas mort dans son pays.

Double affront du destin. Et nul ne sait si ses ossements reposeront un jour sur cette terre où, selon la tradition bantoue, l’attendent ses ancêtres. » a en croire Jeune Afrique.

 

Fin du Zaïre et début de la RDC

Le samedi 17 mai, les premières troupes de Kabila dénommées « kadogos » font leur entrée dans la capitale. Ils seront accueillis en liesse aux cris de “vive les Libérateurs! vive les Libérateurs !”.

Ces derniers sont âgés de 15 à 30 ans, ils ne parlent que le swahili, ne comprennent ni le lingala ni le français. Beaucoup sont nilotiques et portent des bottes de pluie. La foule en liesse les accompagnent le long du parcours aux cris de : “Mobutu dictateur !”

Les photos du monarque sont piétinées et les drapeaux du Zaïre brûlés. Le même jour, à Lubumbashi, Kabila s’autoproclame nouveau chef de l’État. Il rebaptise le pays “République Démocratique du Congo”.

Trois jours plus tard à Kinshasa. C’est la fin du léopard. Mobutu passe son dernier jour à Gbadolite le samedi 17 mai.

Il est accompagné de Kosia, la jumelle de Bobila Dawa et maîtresse officielle du président. De son cortège présidentiel habituel, il fait sa tournée d’adieux.

Son départ se fera dans un désordre indescriptible : plusieurs généraux l’abandonnèrent, les militaires restés fidèles se mutinent et son avion s’envolent sous les crépitements des balles.

 

On se bouscule pas pour l’accueillir

On ne se bouscule pas au portillon pour acquérir le vieux monarque. Ses vieux alliés d’hier refusent de l’héberger: ni le Congo-Brazzaville, ni le Gabon et encore moins la République centrafricaine.

Il faut dire qu’il ne voyage pas léger: sa trop nombreuse famille, une centaine de personnes. Du chouchou, il est devenu un indésirable.

Nelson Mandela aura plus tard quelques mots de compassion à son endroit: “Tous ceux qu’il avait aidés pendant trente ans ne voulurent plus le connaître pendant ses derniers jours sur terre.”

Seul Hassan II du Maroc lui épargnera les affres du nomadisme et de la transhumance. Mobutu une ultime errance humiliante.

Il atterri à Rabat le 23 mai après une attente sans fin à Lomé. Un mois après, il est admis à l’hôpital militaire Mohammed-V pour une énième intervention. Cette fois celui qui déclarait qu’il ne fera jamais deux jours à l’hôpital ne se relèvera pas. Ainsi prendra fin, l’histoire d’un homme qui voulait devenir roi.

La fin du mobutisme annoncera le début du Kabilisme, un esprit parti et une autre forme d’autocratie arrive mais pas avec la même tête.

 

Thierry Bishop Mfundu

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