Affaire Bemba: trop des coïncidences tuent la coïncidence

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Jean-Pierre Bemba

Hier mercredi 29 août 2018, plusieurs médias ont annoncé l’acquittement de Bemba dans l’affaire de subornation des témoins. Cela aurait paru comme une suite logique de l’épopée Bemba Gombo.

Heureusement ou malheureusement, la CPI vient de fixer au 17 septembre le verdict sur l’appel dans le procès de subornation de Bemba et compagnie. Ainsi, un certificat de détention très favorable au leader du MLC vient d’être rendu public par la CPI.

La cour précise, par ailleurs, que la Chambre de première instance VII rendra sa décision sur la peine dans l’affaire subornation des témoins le 17 septembre 2018. Soit deux jours avant le prononcé des arrêts de la Cour constitutionnelle sur les requêtes des candidats invalidés par la CENI.

 

Simple coïncidence ou conte de fée ?

En tout cas, il y a trop des similitudes entre l’affaire Bemba et l’évolution politique en RDC. Cette affaire serait-elle alors q’une mise en scène ?

En tout cas, cette affaire accumule autant des coïncidences qui surprend plus d’un congolais. Quand on connait le déroulement de ce procès depuis Louis Moreno Ocampo jusqu’à Fatou Bensouda.

Jamais la CPI n’a connu autant des remous ni avec Milosevic, Mladic, Charles Taylor ou encore Laurent Gbagbo.

À titre d’exemple, la chambre de première instance VII de la CPI a fixé pour  lundi 17 septembre sa décision sur les peines à l’encontre de M. Jean-Pierre Bemba Gombo, M. Aimé Kilolo Musamba et M. Jean-Jacques Mangenda Kabongo pour subornation des témoins.

A Kinshasa, la cour constitutionnelle rendra le 19 septembre son arrêt sur les dossiers d’invalidation des candidatures. Parmi lequel, Bemba pour ce même dossier de subornation des témoins.

C’est tout de même curieux cette coïncidence et autant des similitudes.

 

On prend les mêmes et on recommence

De la prison à la présidence, il n’y a qu’un pas à franchir pour Bemba. L’histoire semble démarrer par un coup de semonce.

Après des âpres combats entre les miliciens de Bemba et la garde présidentielle à l’issue du scrutin de 2006, Le chairman est évacué par les casques bleus de la MONUSCO, direction : Lisbonne en Portugal.

Bemba est arrêté le 08 mai 2008 à la surprise générale, par la CPI à Bruxelles, alors qu’il provenait de Lisbonne sa ville d’exil.

Après plus de cinq ans de détention sans déclaration des charges, Bemba voit le verdict de crime de guerre et crime contre l’humanité à sa charge pour sa responsabilité pénale dans les viols et massacres de ses soldats en RCA.

Coup de théâtre : à la veille de l’ouverture des BRTC pour les dépôts de candidature aux élections présidentielles, Bemba est libéré. Et ce, au moment où personne ne s’y attendait.

Une libération qui a surpris même la Procureure de la CPI Fatou Bensouda. En tout cas, elle en fera part dans une tribune.

Un compromis financier est vite trouvé pour dédommager les victimes. Oui, les victimes, il y en a dans cette affaire: des femmes violées et des personnes tuées.

Et dire que le premier procureur argentin Louis M. Ocampo a payé le prix fort pour ce même procès. Du procureur, il est passé à l’accusé.

 

Épilogue du marathon Bemba

Le retour triomphal de Bemba à Kinshasa, l’hostilité du pouvoir de Kinshasa en son endroit, son dépôt de candidature et son retour en vitesse à Bruxelles illustrent tant soit peu son marathon.

Enfin, son invalidation par la CENI, une autre paire de manche mais qui ne semble pas décourager celui qui est devenu le plus rassembleur des candidats de l’opposition.

Malgré les dires de ses lieutenants, aucune manifestation de ses partisans ou de son parti pour dénoncer son invalidation.

Pourtant, la SG Ève Bazaiba promettait la foudre à la CENI et au pouvoir en place si leur candidat était invalidé.

Qu’est ce qui explique ce pacifisme de circonstance ? Bemba connait-il déjà le sort qui lui attend le 17 septembre prochain ?

 

Certificat de détention en appui de Bemba

Un certificat de détention est signé le 10 août 2018 par le chef du quartier pénitentiaire de la CPI, M. Patrick Craig et certifié par le directeur divisionnaire des services judiciaires Marc Dubuisson le 27 août 2018 a été délivré à JP Bemba.

Ce document semble être un blanc seing pour l’acquittement prochain de Jean-Pierre Bemba.

D’aucun se rappelle encore de la dangerosité que représentait le prisonnier Bemba qui assista menotté aux obsèques de son père Jeannot Bemba à Bruxelles sous escorte policière.

Le certificat note que pendant sa détention, le candidat Bemba n’a fait l’objet d’aucune procédure disciplinaire et d’aucun signalement pour quelque comportement perturbateur, abusif ou insultant.

Bemba a entretenu des relations polies et respectueuses avec son entourage et notamment, le personnel du quartier pénitentiaire et les autres détenus.

Le certificat semble indiscutablement peaufiné à la décharge du sénateur Bemba comme pour extirper un quelconque doute, en attendant le verdict du 19 septembre 2018 à la Cour constitutionnelle et l’épilogue du 17 septembre 2018 à La Haye.

 

Comment Bemba est-il passé de cannibale à un agneau doux?

Plusieurs s’interrogent sur cette soudaine transformation: du mangeur d’homme. Bemba est devenu un doux agneau.

Deux questions se posent:

– A qui profite la libération de Bemba?
– Qui tirent les ficelles derrière ce marathon juridique à rebondissement?

Suivant ce certificat, la peine initialement prononcée a été annulée en appel et la question a été renvoyée à la Chambre de première instance pour une nouvelle décision.

Dans l’affaire le Procureur contre Jean-Pierre Bemba, Aimé Kilolo Musamba, Jean-Jacques Mangenda Kabongo, Fidèle Babala Wandu et Narcisse Arido, les prévenus condamnés à la première instance, risquent de voir leur peine levée.

L’opinion se rappelle avec émoi que le 12 juin 2018, la Chambre de première instance VII a ordonné la mise en liberté de Jean-Pierre Bemba.

La CPI rendra sa décision le 17 septembre dans l’affaire de subornation des témoins. Dans cette affaire, le Parquet avait requis cinq ans de prison pour le chairman. Et la défense avait sollicité la relaxe pure et simple de leur client.

Au regard du cheminement de cette affaire, il y a visiblement autant des coïncidences et des similitudes. Ce qui amène beaucoup d’observateurs à s’interroger sur la suite à lui donner.

Déjà deux dates à retenir : le 17 et 19 septembre 2018, ça passe ou ça casse pour JP Bemba.

Entre la coïncidence et la réalité, l’écart est assez subtile.

 

Thierry Bishop Mfundu

2 Comments

  1. Plutôt que parler de trop de coïncidences, ne devrions-nous pas voir une bataille qui se livre dans le noir ? Me kilolo ayant étonnamment signé dans le camps FCC, lui qui a été aux commandes des subornateurs des témoins et potentiellement ayant induit volontairement Bemba en erreur, la CPI dans un sursaut d’orgueil à rendre justice peut juste annuler cette affaire de subornation des témoins.

  2. Et la CPI est elle même dans des beaux draps. Comme l’a déclaré le fameux Me Kilolo, la CPI devra dédommager lourdement Bemba, un montant au delà de 100 millions d’euros. Peut-être que la CPI reposait son bargaining sur la subornation des témoins contre Bemba. Avec l’interprétation de cela comme de la corruption, fait qui recale Bemba et détruise sa carrière politique, voilà la CPI devant un grand dilemme : maintenir ce verdict et faire face à un paiement des plusieurs millions ou relaxer Bemba et voir encore sa réputation encore plus entamée.

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