C’est depuis le 5 mai que la maladie à virus Ebola (MVE) a été officiellement déclarée dans la zone de santé de Bikoro (Equateur). Mais sur terrain, la majeure partie de la population ne croit pas à la prévalence de cette épidémie.
Ce sont plutôt des rumeurs qui ne cessent de se propager au sein de la population de la ville de Mbandaka et ses environs vu une forte présence des humanitaires sur terrain. Certains parlent de «Molongo mua sembe» et d’autres font allusions à «Mobondo» deux ennuis de santé liées au mauvais sort dans la province de l’Equateur.
La sensibilisation mis en mal par les croyances animistes
En effet, quelques habitants de la ville de Mbandaka et ses environs attribuent les décès en cascades de certains patients que la médecine moderne attribue à la maladie à virus Ebola (MVE) à «Molongo mua sembe». Il s’agit d’une pathologie de mauvais sort caractérisée par la diarrhée qui affecte le voleur d’une bête et ses proches jusqu’à ce qu’il y ait des morts successifs.
Il en est de même pour «Mobondo» qui est aussi une maladie liée au mauvais sort couramment répandue dans la province de l’Equateur. Ces rumeurs exposent la population de Mbandaka et environs à une contamination à la maladie à virus Ebola (MVE), selon Dr Bokenge Théophile, coordonnateur national de la Riposte de la MVE.
En cette période de la prévalence de l’épidémie, l’UNICEF, l’OMS et le ministère de la santé publique ont lancé une vaste campagne de sensibilisation de la population sur les précautions à prendre. Question de prévenir la propagation d’Ebola à grande échelle. Mais sur terrain, la majeure partie de la population ne respecte pas certaines mesures de sécurité sanitaire préétablies.
Parmi ses règles, il y a le lavage régulier des mains, ne pas se serrer la main, d’éviter de manipuler un animal mort dans la forêt, etc. Malgré toutes ses règles de prévention, Il y a ceux qui continuent à se serrer la main et en cas du décès d’un patient mort de la maladie à virus Ebola, la famille de la personne disparue refuse de céder la dépouille au personnel soignant pour l’inhumation sécurisée.
Elie Lokwa, point focal du Collectif d’action de la société civile affirme que c’est une maladie spirituelle liée au mauvais sort dénommée: Mobondo.
«Dans la tradition mongo, Mobondo est une maladie d’origine spirituelle qui affecte un voleur avec toutes les personnes qui ont vu, touché où manipuler l’objet volé. Elle est caractérisée par le ballonnement de ventre et finis par entraîner la mort si le voleur ne passe pas aux aveux, a-t-il déclaré.
Les stéréotypes locaux s’en mêlent
Il n’y a pas que les préjugés animistes qui sont vivaces. D’autres rumeurs colportés par ci et par là viennent s’ajouter à cet imbroglio.
Comme beaucoup de jeunes de la ville de Mbandaka, Alfred Lofoto affirme avec conviction que la maladie à virus Ebola est une machination des ONG internationales œuvrant dans le secteur humanitaire. Elles répandent la nouvelle de ce virus pour mobiliser des ressources financières auprès des bailleurs de fonds.
L’ignorance est à la base de la propagation
Toutes ces rumeurs fragilisent les interventions des humanitaires sur terrain. Et pourtant, «la maladie à virus Ebola est une pathologie transmissible d’un animal à l’homme « zoonose». C’est elle qui attaque l’espèce humaine en ex- Equateur et fait des victimes à Bikoro et à Itipo, d’après le coordonnateur de la riposte de la maladie à virus Ebola Bokenge Théophile.
« La personne contaminée peut à son tour contaminée plus de quatre-vingt-dix-personnes par jour. La voie de contamination peut être le liquide biologique, la sueur, la manipulation des objets ou du cadavre d’une personne morte de la maladie à virus Ebola, » selon Bokenge Theophile.
Pour Marie Thérèse Fuelo, chargée de communication de crise à l’OMS, « toutes ces pratiques à risques ont tué près de quinze mille personnes lors de l’épidémie à virus Ebola en Afrique de l’ouest. Il aurait fallu associer les guérisseurs, leaders d’opinions et chasseurs pour éradiquer l’épidémie à virus Ebola».
C’est la neuvième fois que la maladie à virus Ebola refait surface en Afrique. Une campagne de sensibilisation et de vaccination du personnel soignant et des proches des patients a déjà commencé à Bikoro et à Itipo (Equateur).
Taty MPK