C’est un Bruno Tshibala déterminé qu’on a vu apparaître samedi devant un parterre de militants composés essentiellement des membres de son cabinet, de ses (quelques) alliés politiques et surtout de quelques oisifs intéressés par la rente promise à la fin de la manifestation.
Sa principale cible, Felix Tshisekedi et l’UDPS/Tshisekedi son ancienne école. Apparemment, le « Saint Brutshi » n’a pas encore digéré son exclusion du parti qui l’a façonné.
Hors de lui, il dégaine et tire à balle verbale sur le nouveau président de l’UDPS/Tshisekedi. « Quand on fondait le parti tu étais en C.O et maintenant tu te dis président…Luvunu ! »
Des propos fallacieux et prétentieux tenus par Bruno Tshibala, certainement pour amuser son public.
Car, le « généreux » locataire de la primature oublie de préciser que même lui n’est pas fondateur de l’UDPS de 13 parlementaires.
Tshibala et l’UDPS
En effet, Bruno Tshibala était à l’époque parmi les jeunes membres de la « DPR » (Direction politique rénovée). Un regroupement de jeunes « suivistes » à la botte des leaders de l’UDPS.
Leurs tâches consistaient à courir dans les ambassades (Belgique, France, USA, etc.) alerter quand un de leaders de l’UDPS était arrêté. Parmi eux, un certain Mukoka. Ceux-ci étaient engagés et dévoués aux 13 leaders de ce parti à l’époque clandestin.
Apres les accords de Gbadolité Etienne Tshisekedi se retire de l’UDPS et se réfugie à la DPR pour mener son combat. Car tous ses anciens amis du combat (Ngalula, Kibassa Maliba, Protais Lumbu, Kyungu, etc.) avaient fait allégeance au Maréchal Mobutu.
Rentré d’Europe à la fin des années 80, Etienne Tshisekedi sera mis en résidence surveillée jusqu’en avril 1990 lors du célèbre discours de Mobutu consacrant l’existence de l’UDPS.
Bruno Tshibala et ses collègues DPRistes joueront durant toute cette période le rôle des jeunes turcs. Les jeunes à tous faire du lider maximo décédé.
Tshibala fut en effet présent aux premières heures de l’UDPS mais pas en tant que fondateur. Le parti n’existant pas pas officiellement et n’ayant pas des membres, Bruno Tshibale tournait autour des leaders du parti…Il portait les mallettes et venaient en soutien aux leaders dans leur persécution.
Comme par exemple, quand Etienne Tshisekedi fut incarcéré à Inongo, Bruno Tshibala fut l’un des jeunes venus de Kinshasa lui rendre visite et recueillir des informations sur son état.
Un parti sous le joug du CNSA
Chassé de l’UDPS après la mort du Sphinx, Bruno Tshibala a créé son propre UDPS. Celui-ci bien que repris sur la liste du Ministère de l’Intérieur, n’est pas reconnu par Conseil national du suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre (CNSA).
Cette institution née au lendemain de l’accord politique, attribue la paternité de l’UDPS aux combattants de Limété. Aux autres dissidents, elle leur avait recommandé de créer un nouveau parti et de se choisir une autre dénomination qui ne prête pas à confusion avec l’UDPS/Tshisekedi. Des recommandations visiblement rejetées du coté de l’UDPS de Tshibala.
Notons que son UDPS est enregistré avec les mêmes coordonnées que l’UDPS/Tshisekedi. Et aussi cette aile nie avoir eu des nouveaux textes au sein de leur parti. Ils sont pas prêts à faire des concessions. La guerre froide des UDPS continue donc à faire son bonhomme de chemin.
Une guerre de succession
Signalons d’entrée que les derniers statuts issus du Congrès de 2010 ont été portés par « Maître » Bruno Tshibala. Cet homme de confiance et fidèle lieutenant du Spinx digère donc mal le leadership de Felix Tshisekedi . Pourtant élu lors d’un congrès.
C’est du moins ce dont on peut comprendre dans ses propos répétés à trois reprises. » Tango toza ko créer parti , yo oza na C.O « ( deux premières années du secondaire).
Comme pour dire qu’au moment de la création du parti, Felix était encore gamin. Des propos qui ont clairement amusé tout le monde . Surtout sa femme et ses enfants. Tous présents à ce meeting.
Il se glorifie donc de sa nomination à la primature. Il dit avoir changé avec cette ancienne version de l’ opposition de l’UDPS qui lui empêchait notamment de co-gerer l’Etat. L’essence même du dialogue initiée par le président Tshisekedi.
» Si le président Tshisekedi était vivant , il aurait dit , félicitations patriote Tshibala vas de l’avant et sers le pays… » dit-il avec ferveur devant une foule visiblement plus fanatique qu’attentive.
A en croire le 1er ministre congolais, sa nomination à la primature reflète l’idée du Sphinx et découle de la confiance dont avait fait preuve le président Tshisekedi de son vivant à son égard. Et surtout du choix bilatéral et équitable du Chef de l’Etat.
Moïse Dianyishayi