3 sujets ont constitué l’objet de la rencontre de lundi 16 avril à la cité de l’Union Africaine entre Joseph Kabila et les députés de la majorité. La rencontre a porté essentiellement sur les élections, la sécurité et la nationalité. Brossant un tableau idyllique de la situation du pays, les observateurs avertis estiment que Kabila s’est fourvoyé.
Faisant allusion à l’interpellation du ministre de la défense, Kabila a mis en garde les députés de la MP sur la sensibilité des questions sécuritaires. Il y a des limites selon lui que l’on ne peut pas franchir, même au nom de la démocratie. Pourtant, l’inaction ou l’inefficacité de nos forces de défense et de sécurité met la population en mauvaise posture.
Une situation sécuritaire explosive
Pendant plus d’une heure, le Président de la République s’est attardé sur les questions sécuritaires dans toute l’étendue de la RDC. Il a souligné que la situation est globalement calme sur l’ensemble du territoire national.
Selon lui, la situation sécuritaire du pays a connu une nette amélioration. Elle est plus à comparer avec des situations d’il y a 20, 15 ou 5 ans.
Pourtant la réalité sur terrain, nous renseigne autre chose. Le pays doit faire face à plusieurs poches d’instabilité dans différentes contrées du pays.
Kinshasa dans le banditisme urbain
S’agissant de la situation sécuritaire à l’Ouest du pays, le Chef de l’Etat a noté qu’elle est sous contrôle malgré le banditisme urbain qui s’observe surtout dans la ville de Kinshasa. Pour lui, cette situation est causée par les mesures d’amnistie et les évasions dans différentes prisons dont celle de la prison de Makala.
Pourtant le banditisme urbain s’est accru davantage. À Kinshasa, Il y a des quartiers où la police ne met plus les pieds ou parfois agissent de connivence avec les kuluneurs. Les amnisties qui ont été libérés dans le cadre de la décrispation de la situation politique, ont été fait de manière sélective. Le président lui même s’est impliqué pour que les petits voyous soient relâchés. Pourtant ces mesures concernaient plus les membres de l’opposition.
Confusion au centre du pays
Parlant du centre du pays, le Commandant suprême des armées juge la situation stable après l’éradication du phénomène Kamwina Nsapu. Or les miliciens continuent à opérer et l’on signale tous les jours des déplacements de population vers l’Angola. La conférence de Kananga n’a pas résolu le nœud du problème, et n’a pas non plus réconcilier les communautés en conflit.
Le nouveau chef Kamwina Nsapu n’a jamais réussi ni à s’imposer ni à fédérer les populations autour de lui. Près de 250.000 congolais traînent encore en Angola.
Dans une interview sur TV5, Sindika Dokolo a dénoncé le rôle occulte du Gouvernement dans cette situation de désordre. Selon lui, les déplacés déclarent qu’ils ont entendus les miliciens parler swahili. Pourtant les Kamwina Nsapu sont censés être lubas. Il indexe alors les miliciens de Kyungu Gédéon. Même l’enquête sur les deux humanitaires fait du surplace pourtant Kabila parle des avancées notables. l’ONU et les USA ont récemment appelés le gouvernement à s’impliquer davantage.
L’Est du pays toujours affaibli
Joseph Kabila s’est dit soulagé du retour progressif des déplacés internes et externes. Ce qui n’est pas vrai lorsqu’on sait que l’ONU dénombre 4.500.000 réfugiés internes et externes. Chaque jour près de 20.000 congolais fuient l’Ituri pour se réfugiés en Ouganda.
Par rapport à la situation sécuritaire à l’Est du pays, Joseph Kabila a stigmatisé un certain nombre de phénomène. Qui, a-t-il indiqué, affaiblissent les efforts que les forces de sécurité fournissent pour en finir avec le terrorisme de l’ADF.
Pourtant les forces de sécurité ont été plusieurs fois cités comme étant acteurs passifs ou complices des miliciens. Plusieurs opérations militaires dont Sukola I et Sukola II n’ont jamais permis d’arrêter les massacres. L’on signale plusieurs massacres depuis le lancement de ces opérations militaires.
En 2018 seulement, l’on dénombre plus de 7 massacres : Minibo, Katsinga, Mavivi, Kididwe, Kangida, etc. Ce qui dénote une absence quasi de l’autorité de l’état. Sans oublier, les conflits communautaires qui ont fait des milliers des victimes notamment entre Hemas et Lendus, entre Nandes et Hutus. Ces conflits sont entretenus par des officines installés à Kinshasa.
Un responsable de l’ONU a qualifié l’Est d’être un gruyère. L’on dénombre plus de 120 groupes armés qui opèrent sans être inquiéter malgré la présence de plus de 20.000 militaires loyaux.
Malgré tout, Kabila s’est réjouis de la prompte réaction des FARDC qui a permis de maîtriser la situation en Ituri. Pourtant sur l’axe Beni- Lubero, l’on craint plus les FARDC que les ADF/NALU ou les FDLR.
Des élections financées sur ressources propres
Le Gouvernement financera lui même les élections mais avec quels moyens. C’est la question qui se pose.
S’agissant du processus électoral, Joseph Kabila a dit être sur la bonne voie. Il est revenu, notamment, sur la décision du gouvernement de financer l’entièreté des élections. Pourtant le Gouvernement accuse un retard de 600 millions de $ à quelques mois des élections.
Il a rejeté l’idée des experts indépendants qui devait être affectés à la CENI. Pourtant le fichier électoral et les machines à voter sont boycottés par une grande partie de l’opposition. D’où un audit indépendant s’avère indispensable.
Joseph Kabila a aussi abordé la dernière conférence de Genève sur la situation humanitaire en RDC. Il a réitéré la position du Gouvernement qui n’est pas d’accord avec la démarche des humanitaires. L’Etat congolais a décidé de prendre en charge lui même la réinsertion des déplacés avec un fonds de 100 millions de dollars.
Pourtant jusqu’ici, plusieurs déplacés croupissent en Angola, en Ouganda, au Rwanda et en Tanzanie. Ils vivent sans aucune assistance du Gouvernement congolais. D’autant plus qu’il est apparu clairement que la RDC ne dispose pas des statistiques fiables sur le nombres de ces déplacés.
Nationalité : véritable camouflée pour la MP
Sur la double nationalité, le Président de la République a brandi sa position qui est de défendre la Constitution. Il a indiqué que le moratoire décrété à l’Assemblée nationale ne se basait sur aucun soubassement légal. Pourtant sa propre famille Politique est concernée, selon certaines révélations, à 75℅ par ces irrégularités.
Dans la foulée, les noms des personnalités proches de Joseph Kabila sont cités comme détenteurs de plusieurs nationalités.
Thierry bishop Mfundu