36 ans après : l’UDPS est-elle aux abois ?

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Etienne Tshisekedi wa Mulumba

Beaucoup ont cru que l’UDPS allait démentir les prédictions quant à sa disparition avec la mort de son leader charismatique. Aujourd’hui encore, beaucoup parmi les fidèles et téméraires combattants, comme on aime à les appeler, s’obstinent, malgré tout, à croire que leur parti ne sera pas divisé. Et pourtant, la réalité est bien celle-là. L’UDPS est bel et bien divisée. Même si, de toutes les tendances aujourd’hui, l’âme du parti demeure à Limeté. A chacun son aile, à chacun son héritage du patriarche. Ce qui révèle en même temps les tensions qui couvaient du vivant d’Etienne Tshisekedi entre des cadres de premier plan. Seule sa personnalité pouvait calmer les ardeurs des uns et des autres.

 

 Un anniversaire pour consacrer la division

 

Si certains pouvaient encore douter, l’an 1 du décès du président national aura consacré l’éclatement du parti. Un anniversaire, trois offices religieux dans trois Notre Dame. L’aile de Bruno Tshibala, soutenue par le pouvoir auquel il participe en tant que Premier ministre, à Notre Dame de Fatima, l’intraitable Valentin Mubake et son groupe à Notre Dame d’Afrique et la frange la plus représentative, celle de Félix-Antoine Tshilombo et Jean-Marc Kabund à Notre Dame du Congo.

 

Pas question de sauver les apparences, s’il y a encore quelque apparence à sauver, en se mettant ensemble pour la circonstance. Les dissensions sont tellement importantes et visibles que toute entreprise dans ce sens serait simplement vaine.

 

Et si l’UDPS souffrait du ‘’mal congolais’’ ?

 

La désintégration que connaît ce vieux parti d’opposition est, sans nul doute, une maladie ‘’congénitale’’ dont souffrent les partis politiques congolais qui peinent à survivre à la disparition de leurs présidents-fondateurs, guides éclairés, leaders charismatiques ou autorités morales.

 

La raison est toute simple. Tous ces partis, au pouvoir ou de l’opposition, sont l’incarnation, mieux des instruments au service de leurs présidents-fondateurs. S’ils feignent d’avoir un soubassement idéologique, le plus déterminant demeure la personne du président. Au point que la véritable idéologie du parti, son projet de société se résument au seul chef. Il est donc normal qu’à sa mort le parti périclite. Même s’il va continuer à exister sur le plan théorique, le parti, au fil des mois, des ans, perdra de son aura.

 

Certes, le rôle joué, sur le plan national, par Etienne Tshisekedi pour le triomphe de la démocratie et de la gestion drastique des affaires de l’Etat ne pourrait être annihilé de ce fait, mais son parti n’a pas échappé, comme toutes les autres formations politiques, à ce déplorable attribut.

 

Une leçon à tirer pour la classe politique congolaise

 

De nombreux partis y sont passés, à l’exemple de l’UFERI, du MPR et de bien d’autres. Pour briser ce cycle infernal, les nouveaux partis devront s’inspirer de l’expérience réussie des partis politiques des vieilles démocraties. Ces partis, de l’autre côté de l’Atlantique, ont acquis depuis une réputation de structures productrices d’idées et promotrices des valeurs républicaines, même si celles-ci sont portées au premier chef par les leaders qui, du reste, ne sont nullement hissés au rang de guides éclairés, autorités morales infaillibles, leaders incontestables, présidents à vie.

 

Ils devront cesser de fonctionner comme des propriétés privées des présidents-fondateurs, des instruments dont ils se servent pour assouvir leur soif de pouvoir. De l’intérieur, ils auront à cœur d’expérimenter la démocratie, de générer des idées autour des valeurs et au seul bénéfice du peuple congolais.

 

JPD Libaku

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