Ils auraient certainement souhaité entendre un message pastoral partisan et surtout différent du prélat catholique. La Majorité Présidentielle fortement présente lors du culte commémorant Laurent-Désiré Kabila a plutôt reçu une leçon de gestion de l’état.
« Vous savez, Dieu lui-même ne comprends pas pourquoi nous sommes pauvres nous les congolais. Qu’est-ce qu’il n’a pas donné aux Congo ? Qu’est-ce qu’il ne nous a pas donné pour que nous soyons considérés parmi les pays pauvres ? », s’interroge l’officiant.
Pour célébrer le 17ème anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, une messe a été dite mardi 16 janvier. Messe dite en la cathédrale du centenaire par le révérend François David Ekofo Bonyeku de l’Eglise du Christ au Congo.
Et cette célébration souhaitée réconfortante et de contrepoids s’est vite transformée en une interpellation de la classe dirigeante. Devant les gros bonnets de la MP, le prédicateur a dressé un bilan négatif du régime. « C’est un péché pour le Congo d’être autant pauvre. Nous devrions être parmi le pays le plus riche du monde », s’est indigné le célébrant.
Inquiet de la crise qui s’enlise dans le pays, Monseigneur Ekofo plaide pour une gestion plus responsable de l’état. Un état existant réellement et où tout le monde est égal devant la loi.
« Nous devons léguer à nos enfants un pays où l’Etat existe réellement. Je dis bien réellement. Parce que j’ai l’impression que l’Etat n’existe pas vraiment, l’Etat n’existe pas réellement. Il faut renforcer l’autorité de l’Etat. Nous devons léguer à nos enfants un pays où l’Etat est réel, un Etat responsable, où tout le monde est égal devant la loi. Quand vous devez enfreindre la loi de la République, on vous arrête, on vous juge, on vous condamne comme tout citoyen », martèle l’homme de l’église.
Cette homélie sincère et interpellatrice de ce pasteur de l’église protestante en RD Congo relance, pour plusieurs observateurs, le débat de la pression de l’église sur le gouvernement congolais. A se demander si à l’instar des catholiques, les protestants se sont eux aussi décidés à faire plier le pouvoir.
Arthur Bitambi