16 janvier 2001 – 17 janvier 1961, un jour seulement sépare la commémoration de la mort de Laurent-Désiré Kabila de celle de Patrice-Emery Lumumba. Du coup, bon nombre de Congolais s’autorisent, à tort ou à raison, à mettre cette coïncidence sur le compte d’un arrangement de l’ordre divin. En tous les cas, les similitudes existent bel et bien entre les deux personnalités ayant servi le pays au sommet des charges publiques.
Cependant, jusqu’où vont ces similitudes, peut-on se demander ? Nationalistes rompus, assassinés à cause de leurs prises de position hostiles aux Occidentaux, dit-on, héros nationaux, ce sont là leurs principaux traits caractéristiques communs. Mais les similitudes pourraient s’arrêter là.
En effet, si Patrice-Emery Lumumba a accédé au pouvoir par des voies démocratiques, l’avènement de Laurent-Désiré Kabila aux charges du Chef de l’État a la particularité d’avoir été rendu possible par une lutte armée de sept mois soutenue sur les plans de la logistique, humain et financier par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda qui ont été tout simplement les sous-traitants des puissances occidentales ayant résolu de morceler le Congo dans leur intérêt bien compris.
C’est dire que tout au long de sa marche victorieuse vers Kinshasa, Laurent-Désiré aura porté, peut-être inconsciemment, la cause des Occidentaux, même si, par un élan de patriotisme ou acculé par ses compatriotes, il avait mis fin, une fois à la tête du pays, à cette relation compromettante qui mettait du reste en péril la souveraineté nationale. Ce geste d’une rare sensibilité patriotique de celui que l’on appelait affectueusement Mzee n’aura pas suffi pour sortir le pays de cet engrenage criminel sous lequel il ploie encore aujourd’hui.
C’est à la prise des rênes du pouvoir par cet ancien maquisard que les discours sur le projet funeste de balkanisation de la RDC, quoique Lumumba l’avait déjà stigmatisé dans un contexte de morcellement du pays en trois parties (le gouvernement de Léopoldville, la sécession katangaise et celle du Sud-Kasaï) en 1960, a connu un développement particulier. Sur ce point relatif au mode d’accès aux affaires de l’État, il n’y a aucun équivoque. Les deux personnages sont aux antipodes. Ceux qui trouvent des similitudes entre les deux grands hommes (ils ont raison de le penser !) doivent se rendre à l’évidence que le fondement du pouvoir de ces derniers n’aura pas du tout été le même.
Deux assassinats, deux situations non éclairées
Par ailleurs, plusieurs années après leurs assassinats, dix-sept ans pour Laurent-Désiré Kabila et cinquante-sept ans pour Patrice-Emery Lumumba, la lumière n’est pas toujours faite sur les circonstances de leur mort, peut-on souligner à l’occasion de ces deux commémorations. En voilà une autre similitude ! On continue d’attendre un nouveau procès des assassins de Mzee et la décision de la justice belge d’ouvrir le dossier sur l’assassinat du premier Ier ministre du Congo, plus de dix ans à la suite de la reconnaissance de la responsabilité ‘’morale’’ de la Belgique par le parlement de cette ancienne puissance coloniale, aurait pu donner quelques lueurs d’espoir. Mais hélas !
JPD Libaku