A moins d’un mois, deux artistes congolais (Fally Ipupa et Héritier Watanabe) ayant fait le déplacement pour Paris dans le but d’y faire un concert, ont vu leur prestation annulée par la préfecture de police parisienne craignant des « troubles graves à l’ordre public » face aux menaces, proférées, et autres actes de vandalisme posés par certains congolais de l’étranger se réclamant « combattants » pour l’instauration d’un état de droit en RD Congo. Ces présumés combattants, dans une hardiesse effrontée, préviennent et promettent à coups de vidéos (en ligne) d’agresser aussi bien les artistes que les spectateurs au cas où les prestations ne sont pas annulées par la sûreté parisienne. Et ce, le plus étrangement possible au su et au vu de tout le monde sans qu’aucun d’eux ne soit interpellé pour trouble à l’ordre public ou pour provocation aux crimes et délits (Art. 23, JORF 22 juin 2004).
Autant injustes qu’étranges, les décisions de la préfecture tombent toujours à quelques heures de la prestation. Si pour le concert de Fally Ipupa à la Cigale (prévu pour le 22 juin dernier) la décision a été prise la veille, la préfecture de police parisienne a fait fort cette fois-ci en annulant le concert d’Héritier Watanabe une heure avant son début, et ce, après que la direction de l’Olympia ait déposé une plainte en urgence face aux menaces proférées par les manifestants regroupés aux alentours de la salle.
Pourtant, cette même préfecture avait affirmé avoir pris les dispositions nécessaires et donné toutes les instructions à ses services pour permettre au concert du chanteur congolais de se dérouler. Un arrêté avait même été pris mardi 11 juillet pour interdire la tenue samedi de toute manifestation en lien avec ce concert dans un vaste périmètre autour de l’Olympia entre 16h et minuit.
Qu’est ce qui justifierait donc ce débordement remarqué des manifestants ? Comment est-ce que la police parisienne a-t-elle permis qu’il y ait casse, agression, vandalisme sur le bien public et des particuliers au point de pousser l’Olympia à demander l’annulation en urgence du concert alors que l’artiste et son groupe se trouvaient déjà dans la loge ?
Des questions qui sans doute, resteront sans réponses car la largesse manifeste de la police parisienne face à cette délinquance et rétention des droits est visible à l’image de ces actes répétitifs et incontrôlés. Paris serait donc devenu un espace de non-droit, où ces combattant font la loi depuis 2006 au point de décréter qu’aucun artiste musicien congolais ne peut se produire dans l’espace Schengen, ni individuellement, ni même à côté d’autres artistes de nationalité étrangère, et ce, pour des raisons des revendications politiques.
Ainsi depuis plus de 10 ans, un groupe d’individus se permet d’interdire systématiquement l’expression des artistes musiciens congolais sur le sol français, notamment, sans que l’Etat Français ne soit interpellé, laissant ainsi instaurer une loi singulière dans un Etat de droit en renforçant un communautarisme sectaire. Pourtant, organiser un concert (producteur), livrer un concert (artiste musicien) ou aller à un concert (le public) font partie des libertés publiques.
Comment alors ces combattants peuvent-ils se doter impunément, dans un Etat démocratique qui a pour devise : Liberté – Egalité – Fraternité, le droit d’interdire à d’autres individus d’exercer leurs droits sous prétexte de rechercher le changement des autorités politiques ? Ces combattants quelle que soit la noblesse de leurs revendications, à savoir : la restauration d’un Etat de Droit en R.D. Congo, obstruent malheureusement sur les libertés fondamentales des paisibles personnes qui soit n’utilisent pas les mêmes procédés de la même lutte, soit ne se sentent pas concernées par ce combat et devraient répondre de leurs actes.
L’attitude complaisante des autorités françaises vis-à-vis de cette « déviation » des combattants, gangrène l’expansion de la musique congolaise et il est triste de constater que chaque fois qu’un musicien congolais programme une date de production, les « combattants » sollicitent, eux aussi, une marche à la même date, et leur demande est toujours accordée. Alors que la sûreté française n’ignore pas le risque de trouble à l’ordre public ainsi que l’atteinte à la sécurité que peut susciter l’affrontement entre les pro et les anti concerts congolais.
Surtout que les concerts des artistes congolais ne sont pas des scènes où s’affrontent les partisans du régime en place en R.D. Congo et ceux de l’opposition. Il s’agit plutôt des événements de divertissement comme les vivent chaque communauté à travers le monde.
Arthur Bintambi
Analyse froide et pertinente d’une anormalité aux allures de plus en plus officielles et tolerées sur une terre réputée pourtant respectueuse des libertés…chapeau Cap Sud,bien pensé…