Le probable dauphin de Kabila

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Les jours passent et la perspective des élections en décembre 2018 se précise un peu plus. Selon toute vraisemblance, le Chef de l’Etat ne fera pas obstacle à l’alternance. Certains partisans d’une transition sans Kabila en sont convaincus et se mettent désormais en ordre de bataille.

 

Si des opposants se regroupent pour affronter les échéances électorales, à la Majorité Présidentielle (MP) l’heure devrait être au choix du dauphin. Une énigme qui va, dans un futur très proche, livrer son secret. En attendant, les spéculations vont bon train. Et quelques noms reviennent sans cesse : Aubin Minaku, Augustin Matata, Henri Mova et Olive Lembe.

 

Jugé très loyal envers le Chef, l’actuel speaker de l’Assemblée nationale et autorité ‘’morale’’ de Daring Club Motema Pembe (DCMP), l’une des plus grandes équipes de football de la métropole Kinshasa, voire du pays, serait pour une certaine opinion le joker sur qui miser. Joseph Kabila pourrait s’appuyer sur lui afin d’assurer ses arrières et rebondir le moment venu.

 

Car, après cinq ans, il aura bien le droit de revenir à la charge. La loi fondamentale ne le lui interdisant nullement. Seulement, ce juriste, élu d’Idiofa, et Secrétaire général de la MP n’aurait pas le poids politique nécessaire pour faire adhérer la majorité des électeurs au projet de son camp.

 

Son excès de loyauté envers le Chef et surtout sa conduite peu démocratique des débats à l’Assemblée nationale ont entre-temps fini par ternir son image. A moins d’un revirement, Aubin Minaku Ndjalandjoko ne serait pas le cheval gagnant. Difficile donc de miser sur lui.

 

Présenté comme un technocrate, Augustin Matata Ponyo a l’avantage d’avoir conduit, à la grande satisfaction de son chef, l’exécutif national pendant quatre années. Si la majorité des Congolais n’a pas ressenti les retombées de sa gestion sur le plan social, il passe malgré tout pour le meilleur 1er ministre de l’ère Kabila.

 

Son passage à la primature aura permis au pays de réaliser sa relative stabilité économique. Et ce, jusqu’à une période très récente. Manifestement, il aura été plus sensible aux questions économiques qu’aux problématiques sécuritaires et d’ordre politique.

 

Or, ces problématiques constituent justement, en plus du social, des enjeux de l’heure et devraient en conséquence préoccuper au plus haut point les prétendants à la magistrature suprême. Sa très large compréhension des grandes questions économiques ne serait pas déterminante.

 

Comme Aubin, Augustin aura fort à faire avec les Congolais, du moins une bonne partie, qui les identifient, tous les deux, comme des tortionnaires pour avoir joué un rôle de premier plan dans cette gouvernance kabiliste qui leur aurait causé de pires tourments.

 

La dernière controverse autour de sa thèse de doctorat ayant contribué à écorner davantage son image est loin de lui faciliter la tâche. Son Maniema natal, qui a pris, grâce à lui et plus que toutes les autres provinces, un coup de jeune, ne suffit pas pour lui assurer, assurer à son camp, la victoire. Il faudra encore piocher.

 

Un autre nom revient souvent, celui d’Henri Mova Sakanyi. L’homme, vu comme pondéré, et même effacé, à une certaine époque, s’est radicalisé une fois à la tête du parti présidentiel. C’est en effet sous son autorité que naîtra au sein du parti ce que l’on a toujours comparé aux Imbonerakuré (une milice à la solde du président Pierre Nkurunziza du Burundi). Des jeunes gens aux bérets rouges tout aussi radicalisés qu’on a vus investir le 24 février dernier la Cathédrale Notre du Congo en vue de faire échec à la marche du Comité Laïc de Coordination.

 

Devenu quatre jours plus tôt le patron des affaires intérieures, Henri Mova serait, selon certaines indiscrétions, le principal instigateur de cet assaut.

 

Il a été, ces dernières années, l’antithèse du brillant intellectuel qu’il est. Il s’est forgé l’image d’un kabiliste extrémiste, prêt à tout pour sauver le Chef.

 

Si sa loyauté envers Joseph Kabila ne fait l’ombre d’aucun doute, ce professeur d’université et auteur prolifique ne peut se prévaloir d’une quelconque popularité. Même pas dans l’ex-Katanga dont il est originaire, du reste largement acquis au très adulé Moïse Katumbi. Très peu de chances que les laboratoires de la majorité le retiennent.

 

Politiquement vierge, Olive Lembe Kabila semble avoir plus de chances que les trois premiers. Elle serait donc la carte idéale, malgré le bilan des 17 ans de règne de son époux qu’elle assume indirectement. Pendant plus d’une décennie, en effet, la première dame de la RDC a su se bâtir, par des actions sociales et de marketing politique, la réputation d’un être sympathique, une personnalité généreuse et sensible aux souffrances de ses concitoyens. Ce qui lui a valu le surnom de ‘’Maman Social’’.

 

Couplé avec l’avantage institutionnel dont elle jouit, à travers son mari, Olive Lembe serait bien partie pour la course.

 

Par ailleurs, si le Raïs peut redouter la trahison de certains, il n’en est rien de son épouse sur qui il peut compter quelles que soient les circonstances. A temps et à contretemps. Son choix aurait de fortes chances, plus que tous les autres, de faire l’unanimité dans le camp présidentiel.

 

Sauf si Kabila jetait son dévolu sur sa jumelle Jaynet ou son frère cadet Zoé, d’ailleurs sans véritable aura, Olive serait la candidate qu’il faut dans le camp du pouvoir, pour succéder à Joseph Kabila.

 

La majorité présidentielle mettra alors en relief ses atouts et jouera sur la fibre féministe pour affronter d’autres grosses pointures de l’opposition qui ne se priveront pas, elles, de mettre en exergue son inexpérience politique.

Wait and see !

 

JPD Libaku

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