Départ de Kabila : Jean-Marc Kabund n’a pas tenu parole

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Photo article Liberté de mouvement

1er janvier, 2 janvier, 3 janvier, … et puis rien. Des jours passent, mais Jean-Marc Kabund est toujours Secrétaire général de l’UDPS. Pourtant, il avait assuré qu’il mettrait fin à sa carrière politique si au-delà du 31 décembre Kabila se maintenait au pouvoir. « J’entends comment certains politiciens s’interrogent et doutent sur le départ de Kabila ce 31 décembre. Je leur dis que si Kabila ne quitte pas le pouvoir d’ici ce 31 décembre, j’arrêterais avec la politique, puisque la passe en or est devant nous cette année », avait-il déclaré avec une apparente assurance dans le cadre d’une matinée politique de son parti le 8 novembre 2017.

 

Eh bien, contrairement à cette prédiction, Kabila demeure Président de la République. Et ce, pour de nombreux mois encore, au regard du calendrier électoral.

 

Si le concerné a tenté de se disculper en arguant qu’il était, au moment où il a fait sa déclaration, tenu, en tant que ‘’général’’, de galvaniser ses ‘’troupes’’ en vue de l’ ’’assaut’’ final du 31 décembre, cela aura révélé une chose, c’est que le Secrétaire général de l’UDPS, comme beaucoup de politiciens congolais d’ailleurs, n’est pas un homme de parole. Il peut dire une chose aujourd’hui, se dédire demain ou le même jour et continuer son petit bonhomme de chemin sans aucun remord.

 

Cela peut même passer pour un manque de respect à l’égard de ses ‘’troupes’’ qui auraient cru en ses paroles du reste prononcées en l’air. Car, lui-même, en politicien rompu et expérimenté, connaissant les réalités du terrain politique, savait très bien qu’une transition sans Kabila est un leurre. Une vue de l’esprit.

En tout cas, les mécanismes pour mettre en place une telle transition sont difficilement envisageables. A moins d’ourdir un plan qui procèderait d’une logique dont lui seul détiendrait le secret. Une hypothèse écartée, dans la mesure où nous avons bel et bien dépassé le cap du 31 décembre.

 

Et si l’on a pu sérieusement ébranler récemment le régime en place, Jean Marc Kabund n’y est pour rien. L’essentiel du travail ayant été fait par la société civile plus crédible aux yeux de la population.

Plutôt réaliste et sincère, le Comité Laïc de Coordination ne demandait, lui, à travers sa marche, que l’application effective et intégrale de l’accord de la Saint-Sylvestre. Et nullement une transition sans Kabila.

Curieusement, même les acteurs politiques de l’opposition soutenant l’idée d’une transition sans l’actuel Chef de l’État avaient pris une part active à cette manifestation populaire. Contradiction ou revirement ?

 

Si Kabund avait gardé la même posture que ses pairs du Rassemblement, c’est-à-dire ne demander que le départ de Joseph Kabila sans faire des déclarations aussi tapageuses qu’excessives, cela aurait pu passer quand même.

Bon, en politique il arrive qu’on monte les enchères pour arriver au résultat souhaité. Mais là, il a carrément mis en jeu sa carrière en tant que politique. Non, il a plutôt menti.

Peut-être aussi qu’il croyait fermement au scénario du départ de Kabila, mais les événements l’ont démenti de manière cinglante.

 

Loin d’être anodin, ce comportement devrait plus que jamais amener à réfléchir sur le type d’hommes qu’il faut pour conduire ce pays à son épanouissement.

Il faut certes des hommes et des femmes compétents, mais également des hommes et des femmes de parole. Des acteurs politiques qui disent ce qu’ils font ou ce qu’ils feront réellement et qui font ce qu’ils disent ou ce qu’ils ont dit. Et non des politiciens qui disent ce qu’ils ne font pas et qui ne font pas ce qu’ils ont dit ou promis.

Des politiciens aux promesses systématiquement non tenues, l’un des maux dont souffrent les hommes politiques congolais en général. Cela est valable aussi bien pour les tenants du pouvoir que pour les opposants.

 

Quoiqu’il en soit, une promesse non tenue reste une promesse non tenue et un mensonge reste un mensonge quels qu’en soient l’origine (pouvoir ou opposition) ou le but (se maintenir au pouvoir ou obtenir l’alternance).

Le sens de l’honneur, la grandeur des acteurs politiques devraient en effet être mesurés quand ils n’ont pas encore accédé au pouvoir.

S’ils s’illustrent dans des anti-valeurs avant même d’accéder au pouvoir, il y a lieu de se poser mille et une questions sur leur sincérité, voire leur capacité à gérer la Respublica.

 

JPD Libaku

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