Opinion : le monnayage de motions, la gangrène du parlement congolais

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Photo Merphy Pongo

Il est décevant de voir le parlement congolais, censé être un temple de la démocratie, se transforme en une table de la « Mangeoire » où le contrôle parlementaire devient un moyen pour les députés de se faire de l’argent illicitement soit en recourant à la corruption ou soit en se faisant corrompre.

 

D’après les informations à notre possession, une pratique que nous pouvons qualifier d’« Anti Démocratique » s’est installé au sein de notre parlement et a acquis une force d’« obligation ».

Cette pratique consiste pour un député ou un groupe de députés membre de la Majorité présidentielle à concevoir une motion de défiance ou de censure contre un membre du gouvernement et à la remettre à un député ou un groupe des députés de l’opposition qui va officiellement initier cette motion se présentant ainsi comme « l’initiateur ».

 

Selon nos sources, les raisons qui justifient une telle démarche sont principalement :

  1. Le député de la majorité présidentielle par peur des représailles au sein de sa famille politique, ne préfère pas initier une motion contre le gouvernement dont il est censé soutenir,
  2. Le député de la majorité présidentielle est conscient, qu’à chaque fois qu’une motion de défiance ou censure est initiée contre le gouvernement ou membre du gouvernement, il reçoit une motivation (à partir de 1000$) pour voter contre cette motion et faire preuve de solidarité envers le gouvernement ou tout simplement faire échec à une telle démarche avant l’autorisation du vote d’adoption.

C’est ainsi souvent que les députés de la majorité, lorsque les motions de défiance ou de censure sont initiées ils ont toujours l’habitude de soulever les exceptions In Limine Litis,

  1. Pour le député de l’opposition, c’est un moyen pour lui de taper à l’œil du ministre concerné ou du premier ministre. Et aussi, une occasion pour lui de faire croire au peuple que l’opposition parlementaire est une sentinelle qui veille.

 

La finalité d’une telle démarche

 

Lorsqu’une telle entreprise est montée l’argent circule d’un côté tout comme de l’autre. Pour le député de l’opposition, le ministre concerné ou le Premier ministre viendra lui verser « quelque chose » (peau de vin) pour qu’il retire sa motion, soit qu’il voyage pour que la motion de ne soit pas examinée,

 

Pour le député de la majorité présidentielle, il aura droit à une motivation pour faire échec par tous les moyens (soulever une motion incidentielle ou voter contre) à l’initiative du député de l’opposition mais aussi en sa qualité de concepteur originel de la motion, il pourra se partager l’argent de peau de vin reçu par le député de l’opposition auprès du ministre concerné.

 

Au finish, ce sont eux qui sortent gagnants

 

C’est pourquoi pendant deux législatives aucune motion n’a jamais été adopté et aucun ministre n’est jamais tombé.

L’on se souviendra de la triste réalité sur une motion de censure contre le gouvernement Matata 2 où le jour même de l’adoption, certains députés sont allés retirer leurs signatures en disant qu’ils avaient signé la motion par erreur, d’autres disaient que leurs signatures ont été extorquées, pourtant c’était faux !

 

La vérité est que cette motion était un moyen pour faire pression à Matata pour « qu’il libère l’argent » et l’argent avait bel et bien circulé.

 

C’est pourquoi, le renouvellement de l’appareil législateur s’avère nécessaire. Car il est inacceptable qu’une telle gangrène infecte un haut lieu de la démocratie créant un dysfonctionnement et un clientélisme accrus.

 

Merphy Pongo, Membre du Collectif de Jeunes pro changement

 

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