UN HOMME, UN IDEAL, UN DESTIN 

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Leader historique de l’opposition, Etienne Tshisekedi, appelé affectueusement ‘’Ya Tshitshi’’, a la particularité d’avoir traversé tous les régimes depuis l’indépendance. Sauf celui de son fils.

En septembre 1960, alors âgé de 28 ans, il fera partie du Collège des Commissaires Généraux institué par le Colonel Joseph-Désiré Mobutu, cautionnant de ce fait le coup d’Etat contre le gouvernement légal et légitime de Patrice-Emery Lumumba.

De 1961 à 1965, il sera placé à la tête de l’Ecole nationale de droit et d’administration (ENDA) comme Recteur. Entre-temps, en 1964, il est promu aux charges de Commissaire aux comptes à la Banque nationale du Congo.

Après la prise du pouvoir par le Haut commandement militaire des Forces armées quatre jours plus tôt, il accédera, le 28 novembre 1965, aux fonctions du ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières, numéro 3 du gouvernement par ordre de préséance.

Il sera ensuite ministre de la Justice, puis ministre d’Etat chargé du Plan, de la Recherche scientifique, de l’Aménagement du territoire et de la Coordination de la Planification, avant d’être envoyé comme Ambassadeur au Maroc de septembre 1969 à février 1971.

De 1971 à 1974, il est 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale et siège au Conseil d’administration de l’UNAZA.  Trois ans plus tard, il est à nouveau élu député national et préside le Conseil d’administration de la compagnie aérienne nationale Air-Zaïre.

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La lutte pour la démocratisation du pays

Au mois de décembre 1980, il est co-signataire, avec entre autres Kyungu Wa Kumwanza, de la lettre des 13 parlementaires dans laquelle ils dénoncent les abus et les violations des droits humains par le régime de l’époque. 

Ainsi, commence le long chemin de la croix et se détermine en même temps leur vocation de combattants de la liberté et de la démocratie. Près de deux ans après, autour du noyau formé par ces parlementaires, est créée l’UDPS.  

En représailles à leur initiative de haute portée politique et historique, il sera, comme les autres fondateurs, plusieurs fois arrêté, envoyé en relégation, assigné à résidence, torturé. 

De 1991 à 1997, il sera à maintes reprises Premier ministre. Chaque fois ou presque, son passage à la Primature aura été de courte durée.

A l’arrivée de l’AFDL, il optera pour la poursuite de la lutte dans l’opposition. Il connaîtra alors de nouveau la relégation dans son territoire d’origine, preuve du retour au galop des méthodes caporalistes de la triste IIème République.

Des années après, il signera, à la clôture du dialogue intercongolais, l’Accord global et inclusif pour le compte de son parti dans l’espoir que le poste de Vice-Président lui reviendrait ‘’de droit’’. Cependant, ses pairs de l’opposition, usant de leur liberté guidée certainement par des intérêts partisans, ont fait le choix d’Arthur Z’Ahidi Ngoma. 

Déçu, il se mettra en marge du processus de transition. Voilà pourquoi, en 2005, son parti boycottera l’opération d’enregistrement des électeurs et, en 2006, il ne se présentera pas à l’élection présidentielle.

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La bataille ultime

Cinq ans plus tard, il fait son come-back en déposant sa candidature à la présidentielle. Un véritable baroud d’honneur. Il obtiendra 32,3% et sera donc deuxième après Joseph Kabila et avant Vital Kamerhe. Comme il fallait s’y attendre, il rejettera ces résultats et s’autoproclamera Président élu et prêtera serment dans son jardin devant des partisans. 

Depuis, il sera de fait assigné à résidence vu le dispositif sécuritaire placé dans le périmètre de sa résidence et en sortira seulement à l’occasion de l’organisation des concertations nationales qu’il boycottera du reste avec une frange non négligeable de l’opposition en 2013.

Huit mois avant sa mort d’une embolie pulmonaire survenue le 1er février 2017, il sera à la base de la plus grande plate-forme de l’opposition appelée Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (ou Rassemblement de l’opposition, Rassop) formalisé au Château du Lac, à Genval, une localité de la commune de Rixensart en Belgique. Tel Moïse qui conduira les Israélites jusqu’à la porte de la terre promise sans y entrer, Etienne Tshisekedi ne vivra pas l’alternance démocratique pour laquelle il s’est farouchement battu des années durant.

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Quel héritage politique du Sphinx?

Le 24 janvier 2019, son fils et héritier politique, Félix Tshisekedi, prend les rênes du pouvoir à la faveur d’une élection très controversée, se mettant ainsi à dos l’un de ses principaux alliés devenu son adversaire le plus redoutable. Martin Fayulu. Sans la majorité dans quasiment toutes les assemblées provinciales, au Sénat et à l’Assemblée nationale, cette personnalité affable et pondérée a été  »contrainte » de nouer une alliance avec le  pire ennemi et  »bourreau » de son président de père. Une alliance clairement contre nature.

Pour nombre d’observateurs, le fils aura simplement trahi le père. Comme qui dirait :  le fils n’est pas toujours à l’image du père. Si des prisonniers politiques ont été libérés, si des exilés politiques ont pu revenir au pays, si la mesure de la gratuité de l’enseignement primaire a été appliquée au grand bonheur du  »petit peuple », sa coalition avec le FCC de Joseph Kabila n’a pu envoyer aucun signal fort quant à la gestion saine des affaires de l’Etat. Au contraire, cette coalition apparaît aux yeux de beaucoup de Congolais, même à l’UDPS, comme une épine à la matérialisation de sa vision. Un obstacle majeur à la réalisation de ses promesses électorales et à l’instauration d’un véritable Etat de droit. De quoi faire retourner le Sphinx et les autres pères fondateurs de l’UDPS décédés dans leurs tombes.

Le Congo serait-il donc loin de sortir du gouffre? Des signaux forts sont en effet attendus de celui qui aura eu le privilège de reprendre le flambeau du  »peuple d’abord », l’héritage politique du très charismatique Etienne Tshisekedi Wa Mulumba.

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Doudou Bossassi 

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