Tous les grands événements qui ont lieu sur le continent africain (surtout) donnent lieu à des préparatifs. Autant physiques que (mystico) spirituels.
Cette pratique de la double préparation, semble faire son entrée dans la sphère politique congolaise.
Certains faits laissent croire que pendant les élections des sénateurs et des gouverneurs, les candidats se sont doublement préparés. En plus des soupçons de corruption, certains d’entre eux auraient recouru au surnaturel, pour obtenir un mandat.
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La superstition au service des enjeux électoraux
Les Africains font partie en effet, des peuples les plus superstitieux au monde.
C’est dans ce cadre que se situent les fréquentes consultations de féticheurs et autres mystiques. Ce, surtout dans le sérail politico-administratif.
À Kinshasa par exemple, tout le monde (ou presque) a entendu parlé du fameux » mort-mort ».
De son vrai nom, Anderson Ayimbi ce personnage occulte est consulté aussi bien les sportifs que les musiciens et les politiciens.
Il semble que lors de la période électorale, certains candidats se sont bousculés aux portillons ce « diseur de bonnes aventures. »
Ce phénomène de mysticisme tend à se généraliser et conduit souvent à des actes répréhensibles tels, les crimes sacrificiels.
Un enfant mort jeté par ci, une femme dont on a mutilé l’appareil génital, des corps sans tête, etc.
Tel est le lot macabre des ces crimes crapuleux.
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Les pratiques fétichistes à l’oeuvre au Maniema
C’est exactement ce qui s’est passé lors de l’élection du gouverneur et vice-gouverneur du Maniema le 10 avril dernier.
L’opinion a découvert sur les réseaux sociaux des photos des députés provinciaux endormis dans une maison de fortune. La légende mentionne qu’ils ont été séquestré par un candidat gouverneur pour le jour du vote.
Le vendredi 12 avril dernier, le candidat malheureux à ce scrutin, le député Hubert Kindanda a introduit une requête à la cour d’appel de Kindu.
Une requête en contestation de résultats de ces élections. Ces avocats dénoncent des irrégularités graves ayant caractérisées ces élections.
Hubert Kindanda mentionne que les grands électeurs ont été séquestrés et corrompus.
Du côté du tandem vainqueur Augustin Musafiri et Ahmed Luhata, c’est un autre son de cloche.On précise que les députés provinciaux n’ont été ni séquestrés ni corrompus.
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Conjurer le sort par la prière
Voici l’explication peu orthodoxe nous fourni par l’un des mandataires du FCC à ces élections. Il s’agit en l’occurrence, du député national Gaston Musemena Bongala, ancien ministre de l’EPS.
« C’était une veillée de prière organisée par moi chez un député, mon conseiller financier. Face à la peur des députés suite aux rumeurs des menaces d’envoûtement. Oeuvre des féticheurs venus de la Tanzanie de la part de notre indiscipliné adversaire (aussi membre du FCC)« .
Et d’ajouter:
« Ils se sont livrés aux spectacles de démonstrations de magie devant le bâtiment de l’Assemblée provinciale. Ils ont égorgé des poules et des chèvres la nuit du 9 avril au 10 avril.
L’un des policiers qui se sont occupés de ramasser et enlever les bêtes sacrifiés, s’est réveillé avec un pied gonflé.
Ils ont brûlé un coq qui a résisté malgré qu’on lui a versé de l’essence.
Et le matin, l’un de féticheur est tombé malade.
Il est mort le lendemain. »
Selon lui, les images sur les réseaux sociaux visent à témoigner de la grandeur de leur foi.
« Les images ont été balancées par nous mêmes pour témoigner la grandeur de Dieu face aux charlatans.
Le gouverneur élu a peut être une des meilleures villas équipées de la ville. Et non cette modeste maison, digne d’un lieu de prière avec nattes de fortune.«
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Un phénomène en forte croissance
Devra-t-on accéder à la présidence, à la députation, au Gouvernorat de province avec, sur la conscience tous ces « sacrifices »?
Dans ces pratiques mystico-fétichistes, n’y a-t-il pas place pour des sacrifices plus acceptables?
Tout compte fait, les ventes des ‘’gadgets’’ de fétichismes tels les ossements, les plumes, de différentes pièces de corps d’animaux (ou d’humain) ont monté d’un cran pendant cette période.
« En tout cas, lors de la période électorale, nous vendons bien. Les candidats viennent acheter plusieurs produits pour leur porter chance.
Il y a notamment la peau de crocodile ou de serpent, la carapace de tortue, les têtes de singe, etc. » affirme une vendeuse des produits ésotériques au marché Gambela.
Il ne serait pas abusé de préciser que bien de nos hommes politiques croient (à tort ou à raison) en la force de ces pratiques occultes.
Ils n’hésitent pas à s’y livrer.
Des féticheurs, des devins seraient même ‘’importés’’ d’autres pays pour conjurer le sort de tel ou tel candidat. Cela, en échange de sommes faramineuses, pour services rendus.
Le phénomène prend de l’ampleur et inquiète, à la fois.
Si le fétichisme pouvait ouvrir les portes de la présidence, de la députation et du Gouvernorat, pourquoi eux mêmes les féticheurs n’y accèdent pas?
La question reste posée.
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Thierry Bishop Mfundu