RDC : Salutaire, mais difficile unité de l’opposition (Édito)

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Fédérer les forces de l’opposition autour de l’objectif de l’alternance, tel est le credo des principaux leaders politiques acquis à l’idéal du changement et d’autres Congolais qui ne jurent plus que par cette nouvelle dynamique.

 

C’est dans ce cadre que l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) avait appelé, à la suite de son retrait du gouvernement Tshibala, les forces politiques et sociales à « adopter un plan d’actions commun pour mobiliser le peuple à réclamer son droit de se choisir ses dirigeants, en application de l’article 64 de la Constitution afin de faire échec aux stratagèmes du régime en place tendant à instaurer une présidence à vie dans notre pays ».

 

Quelques jours après, on verra son président national, Vital Kamerhe, à côté d’autres leaders de l’opposition, porteurs des mêmes revendications, auprès de l’Ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies lors de sa visite à Kinshasa. Unité de circonstance, a précisé un membre du Rassemblement de l’opposition (Rassop), du fait du calendrier trop chargé de la diplomatie américaine qui ne pouvait donc pas les recevoir de manière séparée. Quoiqu’il en soit, ce cadre du Rassop s’est dit favorable à l’idée de l’unité de l’opposition, mais juge inopportune la mise en place d’une structure ‘’organique’’ pour ce faire. Ce qui n’a pas été de toute façon envisagé par les autres tendances de l’opposition.

 

Alors qu’il appelait il y a quelques semaines à l’unité d’actions de l’opposition, Felix Tshisekedi s’est presque dédit, dans sa dernière conférence de presse, en déclarant, certainement pour apaiser les militants de son parti et des cadres du Rassop, hostiles à l’UNC et à son leader, qu’ils ont tous un objectif commun, celui de barrer la route à Joseph Kabila et qu’ils le font chacun dans son coin.

 

Bien avant et en réaction à l’invitation de l’ancien speaker de l’Assemblée Nationale, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund déclarait : « Nous pensons que tout Congolais épris du sens de justice, de liberté et de démocratie, et qui peut apporter sa pierre à ce grand combat que nous voulons à tout prix gagner, pour l’intérêt général, avant la fin de cette année, est la bienvenue (…) Mais faudra-t-il que Monsieur Kamerhe, cette fois-ci, nous rassure ainsi qu’il sera constant du côté du peuple (…) Nous ne pouvons pas lui refuser son aide, c’est ce que nous avons toujours clamé, l’unité de l’opposition ».

 

Par ailleurs, depuis sa cellule à la Cour Pénale Internationale, le leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) a lancé à l’endroit de ses pairs de l’opposition un appel en ces termes : « Je lance un appel à tous les Congolais de réunir leurs forces, idées et ressources dans le pays, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest dans une grande coalition des forces sociales et de responsables politiques afin de revendiquer une alternance démocratique dans notre pays (…) Les forces sociales et politiques concernées devront s’organiser pour avoir un objectif commun, une parole commune et mener des actions concertées ».

 

Cette unité devrait se traduire par le rapprochement de trois franges importantes de l’opposition : le Rassop, l’UNC et le MLC. Sans cela, l’unité de l’opposition serait un vœu pieux. Un leurre. Or, justement, cette unité semble être pour certains un mariage impossible.

 

Et si les égos prenaient le dessus ?

 

En effet, si le départ de Joseph Kabila reste le dénominateur commun, le plus grand commun diviseur serait les égos surdimensionnés des uns et des autres. Chacun ne voulant pas laisser se diluer son aura au profit de l’autre. Et ce, malgré les déclarations de bonnes intentions. Ils se disent prêts à cheminer ensemble, mais il y a entre eux du mépris. Surtout qu’ils n’ont pas toujours eu la même vision, les mêmes méthodes ? Peut-être aussi le même combat.

 

Lorsque l’UNC avait résolu de prendre part au dialogue de la Cité de l’OUA, elle a été accusée de faire le jeu du pouvoir. A son tour, elle accusa le Rassop de rouler pour quelques individus, rappelant à la même occasion les rencontres tenues secrètes entre la Majorité et l’UDPS, notamment à Ibiza et à Venise.

Et quand il fallait se répartir les responsabilités à la CENCO pour la gestion de la transition, le MLC s’était farouchement opposé au fait qu’Etienne Tshisekedi et Félix-Antoine Tshilombo, père et fils, allaient devenir, le premier, Président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) et, le second, Premier ministre. Quoiqu’ayant suscité une levée de boucliers au Rassop, cette position du MLC était pourtant moralement tenable. De toute évidence, cela ressemblait plus à une guerre de leadership, de positionnement – certains diront que c’est des bonnes guerres – qu’à la recherche de l’intérêt général.

 

Aujourd’hui qu’ils s’apprêtent à faire front commun, malgré la résistance et la langue de bois de quelques personnalités, pourront-ils tenir jusqu’au bout ? Les égos n’auront-ils pas, comme d’habitude, raison de l’intérêt commun ? L’avenir nous en dira plus. Le peuple, lui, connaît bien ses intérêts et n’attend que des réponses concrètes à ses aspirations profondes.

 

JPD Libaku

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