La venue de Félix Tshisekedi, le président du Rassemblement de l’opposition, à Lubumbashi, ce samedi, inquiète la majorité présidentielle de Joseph Kabila, président hors mandat de la République démocratique du Congo.
Un pouvoir qui, en septembre dernier, déjà, avait empêché Félix Tshisekedi d’être accueilli par ses partisans lors de son retour à Kinshasa. Ce jour-là, un dimanche, le pouvoir avait, notamment, averti que tout rassemblement d’au moins cinq personnes serait dispersé.
Cette fois, plus question d’interdire la manifestation de l’opposition prévue ce samedi à Lubumbashi. Difficile, en effet, avec le nouveau statut de la RDC comme membre élu du conseil des droits de l’homme de l’ONU, d’empêcher officiellement la tenue de telles manifestations pacifiques de l’opposition.
Envoi d’agents de l’ANR
Mais il n’est pas dit pour autant que le pouvoir laisse cette manifestation de l’opposition se dérouler « normalement ». Impossible pour le pouvoir en place d’accepter que l’opposition puisse mobiliser pacifiquement des milliers de personnes dans la rue pour crier son opposition à une nouvelle prolongation au pouvoir de Joseph Kabila alors que l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, est attendue à Kinshasa.
S’il ne peut l’interdire, il pourrait être tenté de le saboter. Les informations qui nous parviennent de bonnes sources, bien embarrassées, nous confirment que le pouvoir congolais entend transformer cette manifestation de l’opposition en champ de bataille. Trois agents de l’ANR ont quitté Kinshasa pour Lubumbashi. Leur mission : perturber violemment cette manifestation. Leur plan : munir des policiers en civil d’arme de poing et de pierres. Un scénario un peu comparable à ce qui avait été mis sur pied à l’occasion du dernier passage de Moïse Katumbi devant les juges de Lubumbashi à l’été 2016.
Comme dans ce scénario, les forces de l’ordre doivent créer le chaos, des coups de feu et des jets de pierres doivent suivre. Ce qui pourrait créer un mouvement de panique avec son lot de victimes qui pourraient être imputées à l’opposition. Le pouvoir chercherait aussi à créer de nouvelels tensions entre les Katangais et les Kasaïens. Deux peuples qui se sont souvent affrontés dans le passé mais qui se retrouvent aujourd’hui dans l’opposition autour des personnalités de Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi.
« Le plan est machiéavélique, il peut tuer des dizaines de personnes et relancer le conflit entre ces deux peuples », nous explique une de nos sources qui ne veut pas « se taire face aux risques enormes que ce stratagème fait courir ».
« Le pouvoir de Kinshasa ne connaît plus de limites. Il veut retourner la manifestation de l’opposition à son avantage. Il veut ainsi prouver à Madame Haley que le peuple est incapable de se contenir et que lui seul peut maintenir un semblant de paix ou en tout cas éviter un embrasement du pays. Ce sont des plans criminels que je ne peux taire », confirme une deuxième source, qui poursuit. « Nous conaissons les identités des agents de l’ANR envoyés à Lubumbashi. Il faut qu’ils le sachent ».
Hubert Leclercq/ La Libre Afrique
Article disponible sur https://afrique.lalibre.be/9974/rdc-violences-en-vue-pour-la-venue-de-felix-tshisekedi-a-lubumbashi/
Humm. Ça ne sent pas bon.