RDC : ces morts qui hantent le pouvoir

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Il est de ces personnes qui mêmes mortes continuent à déranger. Ils ont tellement acquis une aura qui les hissent au niveau des icônes. Ainsi, en est-il d’Étienne Tshisekedi et de Rossy Mukendi. Déjà 1 an pour le premier et 40 jours pour le second depuis leurs décès. Leurs corps continuent à grelotter dans la morgue. L’un à Bruxelles et l’autre à Kinshasa. Conséquence d’une politique marquée par la peur et la terreur.

 

A la mort de Che Guevara, son cadavre frappe les observateurs par le caractère torturé de son corps et par la grande pureté qui semble émaner de son visage et en particulier de ses yeux ouverts.

Pour les habitants de la région, marqués par la religion catholique, le corps du Che évoque le Christ. Ainsi, dès ce moment, un « culte » du Che commence à se développer, et les analogies avec un culte religieux sont frappantes : les femmes qui viennent le contempler, impressionnées par la ressemblance avec certaines peintures représentant Jésus-Christ mort, coupent des mèches de ses cheveux et les conservent sur elle, comme un talisman.

C’est aussi l’impression que donne le corps de Rossy Mukendi dans une vidéo diffusée par ses proches. Sur le sol, un jeune homme hurle de douleur et implore de l’aide, en tendant le bras au ciel. Il ne cesse d’implorer la grâce de Dieu.

Rossy Mukendi Tshimanga vient à peine d’être fauché par une balle, qui l’a atteint sur le flanc de la poitrine.

La même émotion a aussi été ressenti devant le corps de Tshisekedi lors d’une messe de requiem à Bruxelles.

Comment pourrions-nous croire que les morts se tiennent sagement au cimetière ? Alors que les corps sont embrigadés dans les morgues à cause de la peur d’un certain groupe des gens. Ils ne pourront reposer en paix tant que leurs esprits errent sans domicile fixe, sans trouver du repos.

 Les morts ne sont jamais des objets, des choses inertes dont on pourrait disposer. On ne peut pas décider qu’on ne fait plus rien avec eux puisqu’ils ne feraient plus rien avec nous. Ils nous tourmentent sans cesse si nous les cachons dans nos placards.

 

Que fait-on des morts et surtout que font-ils de nous ?

 

Voilà les questions auxquelles toute culture s’affronte et tente de donner des réponses. Des réponses variables, évolutives, incertaines. Etre mort n’est pas qu’un état biologique. C’est aussi et surtout un statut. Oui, Étienne Tshisekedi et Rossy Mukendi ont réellement un statut. Le statut de héros du peuple.

 

Deux personnes atypiques et au destin commun

 

Tshisekedi est vieux et rassasié d’âge, Rossy est jeune et plein de vigueur. L’un est politicien de carrière et l’autre militant d’un mouvement citoyen. L’un se bat pour la conquête du pouvoir, l’autre préfère changer les choses sur terrain. Le premier est mort de vieillesse et de maladie. Le second est tombé sous les balles de la police pendant une marche des laïcs catholiques.

Étienne Tshisekedi est plusieurs fois premier ministre et ministre sous le régime Mobutu. Il connut ensuite brimades, tortures, cachots et relégation dans son village natal sous les règnes de Mobutu et de Kabila le père.  La mort est venue au moment où il devait prendre la tête du CNSA afin d’amener le pays aux élections crédibles.

 

Sa mort énigmatique suscita beaucoup des questions

 

En effet, Félix Tshisékédi, le fils du défunt avait demandé une autopsie du corps de son père pour voir s’il n’y avait pas eu d’erreur médicale lors des soins administrés à son père. Il aurait visiblement eu le nez creux, car la police belge aurait appréhendé le médecin de l’octogénaire en possession de 5 millions d’Euros.

Étienne Tshisékédi serait-il décédé d’une mort naturelle ou provoquée ?

Qui aurait intérêt à mettre fin aux jours du président de l’UDPS ? D’où provient cette forte somme d’argent découverte en possession du médecin ?

Le médecin aurait-il délibérément donné la mort au vieux leader congolais ? Avec la complicité de qui ? Si la thèse de l’assassinat était admise, le pouvoir congolais aurait-il sa part de responsabilité ? Toutes ces interrogations sont restées sans réponses. D’autant plus que deux de ses médecins : Tharcisse Loseke et Kapika sont nommés ministres au sein du Gouvernement de Samy Badibanga et de Bruno Tshibala, deux proches de Tshisekedi.

Rossy Mukendi est Assistant au Département de relations internationales à l’UPN. Il est aussi un sportif de renom. Il a remporté une médaille d’or en arts martiaux lors d’une édition des Jeux africains au Cameroun. Il est aussi sacré à trois reprises champion en RDC de jujitsu.

Il crée le « Collectif 2016 » qui se donne pour mission de contribuer à l’organisation de l’élection présidentielle. Il appelle au départ du président Joseph Kabila en 2016.

Son engagement lui vaudra d’avoir de la maille à partir avec les autorités congolaises.

En avril et en mai 2017, il est arrêté à deux reprises et emprisonné pendant près d’un mois dans les geôles de l’ANR.

« On avait l’ambition de vraiment changer les choses, explique Arsène Tshimanga, également membre du Collectif 2016. Rossy disait souvent qu’il ne s’était pas engagé par haine, mais par conviction et patriotisme pour son pays. »

 

Qu’en est-il de leurs funérailles ?

 

Jusqu’à ce jour, il n’y a aucune annonce officielle pour leurs obsèques.

Le pouvoir avance plusieurs raisons pour repousser leur ultime inhumation.  Il y a entre autres, les négociations interminables avec la famille Tshisekedi. Récemment, son frère, Monseigneur Tshisekedi avait reconnu que les contacts avaient repris et qu’on attendait le compromis. Pour le cas de Rossy, c’est le Statu quo. La police continuerait les investigations pour connaître les causes du décès. Et la famille n’a pas toujours accès au corps.

Pendant ce temps, les familles continuent de pleurer leurs morts sans corps. Tshisekedi, 1 an déjà et Rossi, 40 jours.

Mais les deux cités ne sont pas seuls, il y aussi Armand Tungulu, Fidèle Bazana, Chebeya, etc.

Trop des corps dans les placards

 

Thierry bishop Mfundu

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