Depuis que le Comité Laïc de Coordination (CLC) a pris les choses en mains, l’opposition est devenue aphone. Inaudible. Alors que les princes de l’église ont décidé de prêter mains fortes aux laïcs, les opposants, eux, se résignent à jouer le second rôle, ignorant leur vocation première, celle de catalyseurs des desiderata et des revendications des populations. L’église leur a simplement volé la vedette. Pouvait-il en être autrement ? Pas très sûr.
Il y a quelques mois, en effet, le Rassop, principale plate-forme de l’opposition, avait planifié une série d’actions, disait-il pour venir à bout du pouvoir illégitime et ‘’illégal’’ de Joseph Kabila. Non seulement que ces actions, mal ficelées, ont été étouffées dans l’œuf, mais aussi le Raïs Kabila, nonobstant les pressions venant de toutes parts, a réussi à se maintenir, dirait-on par défi, au-delà du délai prescrit dans l’Accord de la Saint-Sylvestre.
Dès lors, les leaders de l’opposition qui peinent à mettre en place des stratégies communes, ont résolu de suivre le CLC à la queue leu leu. A grand renfort des déclarations pompeuses. Même si, pour certains, et non des moindres, les revendications ne correspondent pas entièrement avec celles des laïcs catholiques.
Tenez, si pour une frange de l’opposition le cheval de bataille reste la mise en place d’une transition sans Kabila, pour le CLC il s’agit plutôt de s’assurer que les élections auront bel et bien lieu à la date indiquée dans le calendrier électoral en vigueur et dans les conditions définies dans l’Accord. Manifestement, il y a là deux approches distinctes. Peu importe ! Faute d’inspirations, les opposants n’avaient d’autres choix que de faire allégeance aux laïcs catholiques.
Front commun de l’opposition : un vœu pieux
Des activités de redynamisation des partis par ici, des réunions prétendument stratégiques par là, mais aucune action d’envergure depuis plusieurs mois pour faire plier Kabila. Des rencontres de réchauffement des relations entre leaders, mais aucune manifestation publique découlant d’une stratégie commune appelée par ces leaders de tous leurs vœux, pourtant jamais réalisée.
Que des rencontres, mais nullement des actions concrètes. Que des paroles prononcées en l’air ! Principal obstacle, sinon l’un des principaux obstacles, à ce front commun tant chanté, mais jamais réalisé : leurs égos surdimensionnés.
C’est en fait lors de la visite de la diplomate américaine Nikki Haley à Kinshasa que l’idée de l’unité d’actions de l’opposition avait commencé à germer. Mais depuis, elle est restée théorique. Encore au niveau des intentions. Heureusement que l’église catholique s’est entre-temps rappelée sa mission sociale. Dans le même temps, le CLC, jusque-là sur le banc de touche, est monté au créneau, au grand bonheur des populations. Tant mieux pour cette opposition déstructurée et en perdition. Cette opposition qui attend tout de la CENCO et du CLC au point d’en devenir l’un des plus sûrs défenseurs.
L’église catholique à la manœuvre, l’opposition attentiste
Hier encore, alors qu’elle venait de tenir son assemblée plénière extraordinaire, la CENCO était très attendue sur les questions politiques de l’heure, y compris par cette opposition devenue attentiste. Des conclusions de ces assises dépendront, cela s’entend, ses prises de position.
S’agissant justement de l’assemblée plénière de la CENCO, retenons que les évêques ‘’mus par la sollicitude pastorale et partageant les tristesses, les angoisses, mais aussi les joies du peuple’’, ont dénoncé des faits graves et hostiles tendant à rompre le consensus national et mettant ainsi à mal le processus électoral.
Il s’agit de la répression sanglante des marches pacifiques du 31 décembre et du 21 janvier, la campagne de dénigrement et de diffamation de l’église catholique et sa hiérarchie, l’extension inquiétante des zones d’insécurité, l’application sélective et biaisée de l’Accord du 31 décembre 2016 et la polémique autour de la machine à voter. Les évêques insistent sur la nécessité de rectifier le tir et de tout mettre en œuvre pour répondre aux aspirations profondes du peuple.
Maintenant que les princes de l’église ont réitéré leur position en faveur de l’alternance dès cette année et réaffirmé très clairement leur soutien aux initiatives citoyennes du CLC, les opposants, malgré les gesticulations qui cachent mal leur difficulté à mobiliser, n’ont d’autres alternatives que de suivre la voie tracée par l’église. A la queue leu leu.
JPD Libaku
