Affaire Dorcas Makaya : Confusion entre obligations de fonctions et devoir de charité

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Il sied de noter que depuis un certain moment en RDC, de la présidence de la République jusqu’au bourgmestre, une confusion totale est entretenue entre les obligations de fonctions qu’on exerce et le devoir de charité. A se demander si une autorité dans l’exercice de ses fonctions est -il un philanthrope ou tout simplement un serviteur du peuple ? On assiste, alors, à des « honteuses » pratiquants du genre : dons du Président de la République, dons du Premier ministre, dons du Ministre X. L’autorité c’est de lors transformée en philanthrope mais d’un humanisme étrange offrant au peuple « paupérisé » leur dû sous forme de charité.

 

De par son essence, l’État est né sur base du contrat social. Un contrat dans lequel le peuple accepte de céder une partie de sa souveraineté au profit de l’entité appelée l’État pour que cette dernière lui assure : sécurité, Tranquillité, paix sociale, ordre public et justice sociale. C’est pour remplir cette mission que l’État s’est organisé en gouvernement central et gouvernement local.

 

Un gouvernement est un cabinet qui contient plusieurs départements. Et chaque département est appelé à œuvrer pour assurer l’autorité de l’État et l’aider à remplir ses obligations vis à vis du peuple tel que convenu dans le contrat social.

 

Et pour que l’action de l’État soit coordonnée, on retrouve d’une part le représentant de l’État qui conçoit la politique (manière d’agir de l’État), responsabilité confiée au Président de la République et de l’autre côté une personne chargée de coordonner et exécuter cette politique telle que conçue, on parle alors du chef du gouvernement. Chaque membre du gouvernement est, alors, tenu d’exécuter l’obligation de concourir au bienêtre de la population et à assurer l’autorité de l’État dans son domaine.

 

Alors comment comprendre qu’un membre du gouvernement qui va au chevet d’une victime de la répression d’une manifestation publique, qui d’ailleurs est un droit constitutionnellement garanti au citoyen, l’entraine à remercier le gouvernement ?

Est-ce que l’action du gouvernement est une œuvre philanthropique pour recevoir en contrepartie la gratitude du bénéficiaire ?

 

En effet, le feuilleton sur la petite Dorcas Makaya, une demoiselle de 20 ans, touchée par une balle perdue lors de la marche organisée, le 31 décembre, par le Comité de Laïcs catholiques nécessite à une importante réflexion sur le sens d’homme d’État que la RDC a/ou devrait avoir.

 

Peu importe la guerre de déclaration entre la Ministre de droits humains, Marie ange Mushobekwa et la journaliste Rachel Kitsita sur la question de la publication ou non des images de la petite Dorcas !

 

Ce qui est vrai, c’est qu’on a vu les images d’une fille dans un état grave tenant entre ses mains un bout de papier contenant quelques mentions et un stylo.

Dans la déclaration de la ministre elle semble dire qu’elle avait posé la question à la demoiselle « qu’est-ce que tu peux dire à ton gouvernement ». Ce qui supposerait que la ministre attendait de la fille des remerciements allant dans le sens de : « je remercie le gouvernement …je remercie Papa Tshibala. Que Dieu bénisse papa Tshibala ».

 

Ainsi dans l’entendement de la Ministre, le fait pour le gouvernement de prendre en charge l’évacuation des soins de santé de cette demoiselle résulte de la charité du Premier ministre ou de son humanisme. Oubliant complétement que Dorcas Makaya est une victime du comportement Barbare des représentants de l’État et que le gouvernement a l’obligation non seulement de prendre soins de la demoiselle mais aussi de la dédommager pour tous les préjudices subis, car l’État a failli dans sa mission d’assurer la paix sociale et la tranquillité ainsi que d’autres de ses obligations, telles que stipulées dans le Contrat social.

 

Ce qui est étonnant dans cette affaire, c’est de voir une ministre chargée de faire exécuter la politique gouvernementale en matière de respect de la dignité humaine, faire subir tel supplice à une victime de la violation par l’État du droit à la manifestation. Pourtant, la première de chose à faire aurait été de présenter des excuses au nom de l’État. Et par la suite, s’engager, sans contrepartie, à réparer tous les dommages causés par la violation de droits de l’homme.

 

La ministre Marie Ange a aussi oublié qu’il existe un ministre national chargé des affaires sociales et actions humanitaires c’est à ce ministre que revient l’exécution de la politique gouvernementale d’intervention sociale ou assistance sociale et intervention humanitaire auprès de la population.

 

Serait-ce ce une erreur de casting ou tout simplement un empiètement des fonctions du ministre des affaires sociales et actions humanitaires par celui de droits humains ?

 

La question reste posée et en attendant, l’on apprendrait que Mademoiselle Dorcas Makaya aurait été évacuée en République Sud Africaine vers 2 heures du matin à bord d’un jet médicalisé affrété par le gouvernement.

 

Merphy Pongo

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