Bruno Tshibala sur TV5, une intervention en dessous de la moyenne et peu convaincante

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Nommé Premier ministre le 07 avril 2017 à l’issue des consultations que le Président de la République a initié avec la classe politique après que la Conférence épiscopale nationale congolaise, CENCO, ait mis fin à sa médiation, Bruno Tshibala Nzenzhe peine encore à convaincre. Contesté dès sa nomination tant par l’opposition congolaise que par la communauté internationale, l’ex bras droit d’Etienne Tshisekedi passe (encore) inaperçu dans les salons de la haute politique étrangère. Son récent périple en France en est une preuve.

 

Annoncé en mission officielle par l’Agence congolaise de presse, ACP, dans une dépêche datée du 4 septembre 2017, aucune des activités entreprises dans l’hexagone par le Premier ministre congolais ne peuvent à ce jour certifier de cette évidence. Et même quand, dans son JT de 13h30, la télévision nationale, RTNC, a annoncé, jeudi 7 septembre 2017, que le Premier ministre Bruno Tshibala a été reçu par le président du Sénat français, ce que l’opinion a vu ce sont les photos de Bruno Tshibala dans un Sénat vide et dans les couloirs de l’hémicycle français.

 

Autre annonce pompeuse de ce périple qui de plus en plus paraît comme inopportun pour la RDC : « A Paris, le Premier ministre congolais aurait eu des rencontres avec le patronat français », indiquait il y a peu la RTNC sans donner d’autres précisions.

 

Et pendant que l’opinion s’interroge de plus en plus sur le niveau de connexion entre la communauté internationale et cet homme politique congolais qui au lendemain de sa nomination avait suscité l’inquiétude autant du gouvernement français que de la Représentation de l’Union européenne, Bruno Tshibala, ignoré depuis son arrivée en France par les médias, a finalement été l’invité du journal Afrique de TV5 du jeudi 14 septembre 2017. Un passage plutôt en dessous de la moyenne, au cours duquel le Premier ministre congolais s’est montré peu convaincant et plus spéculatif que conséquent.

 

Un leadership localement et internationalement contesté

 

Responsable du programme gouvernemental, les réponses du Premier ministre ont donné l’impression d’une absence de maîtrise des dossiers brûlants du pays. Au point qu’à un moment de son interview, la présentatrice l’interrompant lui lance : « Là vous ne répondez pas à la question, je suis désolée je vais devoir vous couper… »

 

Au sujet de la tenue des élections au plus tard en décembre 2017 comme prévu par l’accord de la Saint sylvestre, le premier ministre, hésitant, a préféré renvoyer toute planification aux conciliabules de la tripartite Gouvernement-CNSA-CENI. Pourtant, il y a à peine deux mois, le même Bruno Tshibala confiait à Jeune Afrique que l’engagement convenu par les parties prenantes au dialogue du centre inter-diocésain pour organiser les élections fin 2017 sera tenu. Rassurant d’ailleurs : « organiser les élections n’est pas une sinécure, et le grand problème est évidemment d’ordre financier. Notre pays est un sous-continent avec d’importants problèmes économiques, mais mon gouvernement s’engage à financer la totalité du budget global des élections élevé à 1,3 milliards de dollars, ainsi qu’à libérer le moyen nécessaire pour permettre à la CENI d’accomplir son devoir. Et si nous n’arrivons à réunir l’ensemble des ressources nécessaires, nous n’hésiterons pas à nous adresser à nos partenaires traditionnels »

 

Interrogé sur le conflit dans le Kasaï, le Premier ministre a laissé entendre que les troubles que connaît cette région tirent leurs origines d’un « conflit banal entre deux chefs coutumiers ». Étonnant de la part du Chef du gouvernement de faire preuve d’une aussi faible maîtrise d’un conflit qui a fait du Kasaï un théâtre de la barbarie et des violences opposant miliciens et militaires. Comment peut-il ignorer que ce conflit a débuté avec la mort du Chef coutumier Kamwina Nsapu tué lors d’une brutale opération de police en août 2016, entraînant ses fidèles à se constituer en milices ? Comment, lui, Chef du Gouvernement peut-il ignorer un dossier sécuritaire et humanitaire aussi sensible ?

 

Depuis le 03 septembre 2017, le chef de l’exécutif congolais séjourne dans la capitale française, probablement à quête de reconnaissance, mais aussi pour tenter d’obtenir le soutien de l’hexagone à l’action de son gouvernement et l’épineuse question de l’organisation des élections. Une mission visiblement difficile tant toute la machine de communication de la primature peine à convaincre face à une opinion de plus en plus regardante des faits et gestes de la classe dirigeante. Au regard d’un bilan quasi inexistant de cette mission, les observateurs s’accordent à dire que Bruno Tshibala aurait, de la part des autorités française, essuyé un refus et n’aurait eu droit à des sourires diplomatiques et protocolaires.

 

Arthur Bitambi

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