Ituri: un deuil national tardif, chronique d’un raté gouvernemental à « Dyatsinanga » imprudemment appelé Tara (Compte rendu)

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Le président Joseph Kabila a décrété, lundi 28 août 2017, un deuil national de deux jours sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo à la mémoire des victimes du drame survenu au village de « Dyatsinanga » dans la province de l’Ituri.

 

D’après le communiqué de la présidence lu à la télévision, les drapeaux devront être en berne et les radios et télévisions du pays invitées à diffuser de la musique religieuse durant toute la durée du deuil national à la mémoire des victimes de ce glissement de terrain, pour la troisième année consécutive. Une cinquantaine de personnes avaient déjà perdu la vie dans ces conditions en 2016 et une dizaine en 2015.

 

L’affaissement des pans d’une montagne, suite à des fortes pluies, avait enseveli, sous les décombres des grosses pierres, 65 des 70 maisons construites dans un village des pécheurs au bord du Lac Albert, ne laissant aucune chance de vie à leurs occupants. Quarante corps avaient été déterrés dans les premiers jours de recherche et au moins 170 se trouvent encore sous les décombres, avait indiqué le Vice-gouverneur de l’Ituri Pacifique Keta, avant de suspendre les recherches pour privilégier les travaux de désinfection

 

6 jours après le drame, le Premier ministre ainsi que le Chef de l’état, par l’entremise de son Cabinet, avaient exprimé leur commisération aux compatriotes victimes de ce glissement de terre. Des messages de compassion et de soutien, mal digérés par l’opinion publique étonnée de voir « le sommet » de l’état réagir aussi tardivement, alors qu’au lendemain du drame, des gouvernements de plusieurs pays s’étaient empressés de compatir au malheur survenu à ces pêcheurs congolais.

 

Interrogé à ce sujet par capsud.net, le mercredi 23 août, Lambert Mende, Ministre congolais de la communication et médias et porte-parole du gouvernement, avait estimé que cette perception des choses était abusée et sans fondement car le gouvernement congolais était au chevet de la population de Tara depuis le début de ce drame par l’entremise de son représentant en la personne du gouverneur de province.

« Le gouverneur est allé dans le 24 heures après avoir reçu mission du gouvernement.  Tora est une des contrées éloignées de l’administration centrale, il est logique que le relais soit fait par l’autorité locale. Il y a une décentralisation, il y a des pouvoirs qui ont été cédés au niveau local. Dans l’ancien système, il eut fallu attendre que le gouvernement central se déplace. Mais maintenant avec la décentralisation, rapidement le gouvernement était là par le canal du gouverneur », avait-il insisté.

Précisant qu’une délégation gouvernementale devrait se rendre samedi 26 sur le lieu afin d’apporter toute l’aide nécessaire aux victimes après avoir analysé la situation.

 

Réagissant à ces propos jeudi 24 août, Paul Nsapu Mukulu, Secrétaire général pour l’Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, FIDH, avait fait état d’une nouvelle faille du gouvernement congolais à sa mission de protéger les congolais et que la réaction tardive du gouvernement, attestait réellement du désintéressement qui caractérise le sommet de l’état en ce qui concerne les difficultés que rencontre les congolais.

« Le gouvernement a failli à sa mission une nouvelle fois, celle de protéger les personnes et leurs biens puisque nous en sommes à une troisième fois consécutive de ce genre des drames qui surviennent dans cette partie du territoire national. Et la réaction de Monsieur Bruno Tshibala, premier ministre ainsi que celle de la Présidence de la République une semaine après, c’est à dire le 22 août, démontre le peu de soucis que se font les gens qui sont perchés au sommet du pouvoir », avait-il précisé !

 

De son côté, le mouvement citoyen Lutte pour le changement, Lucha avait dénoncé le un retard coupable du gouvernement, regrettant également que le président Kabila ne se soit rende personnellement à Tara pour consoler les familles des victimes.

 

Comme annoncé, une délégation gouvernementale conduite par le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur avait fait le déplacement pour Tara, samedi 26 août, pour une mission humanitaire sans vraiment se rendre sur les lieux mêmes du sinistre à « Dyatsinanga » .

Etrange de la part de cette délégation pourtant annoncée comme celle devant apporter les dispositions nécessaires prises par le gouvernement pour venir en aide à la population sinistrée par ce drame considéré comme une catastrophe majeure par le Porte-parole du gouvernement

 

Par ailleurs, si le pays disposait d’un plan d’urgence, il n’y aurait peut-être pas eu autant des victimes. Surtout que cette population du Nord-Est de la RD Congo vive continuellement pareil drame depuis 2015.

Comment expliquer que pour sauver de vies humaines, la population sinistrée devait se contenter d’attendre de la délégation gouvernementale pour des dispositions nécessaires ?  Le deuil national décrété par Joseph Kabila a malheureusement le goût d’une insulte sur les âmes des disparus qu’un acte de consolation pour leurs familles meurtries.

 

Pire encore le village meurtri ne s’appelle ni Tora et encore moins Tara comme repris dans les différents communiqués du gouvernement mais plutôt « Dyatsinanga ».

Donc même le gouvernement ne connait pas le nom du village meurtri ? L’identifier par Tara, le village voisin, où se tient le centre commercial le plus connu de la localité serait-ce par absence d’informations ou serait-ce par simple désintéressement ?

 

Arthur Bitambi

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